Critique financier du Parti québécois, François Legault avoue être resté sur sa faim après avoir écouté le discours d'Henri Paul Rousseau ce midi. L'ancien patron de la Caisse «choisit ses sujets, choisit les périodes qui font son affaire» constate le député péquiste.

Pour lui, la seule admission faite par M. Rousseau touche la hauteur des investissements en papiers commerciaux adossés à des actifs. M. Rousseau a reconnu qu'il auraient dû être soumis à une analyse plus rigoureuse en terme de gestion de risque. Ces papiers commerciaux expliquent quatre des dix milliards de dollars de pertes que doit justifier la direction de la caisse selon lui –il elle avait eu la même performance que les autres fonds, la CDP aurait perdu dix milliards de moins l'an dernier.

Pas moins de 3,7 milliards ont été perdus dans le portefeuille immobilier, bien plus que les autres investisseurs au pays, constate M. Legault.

«Sur les cinq dernières années, la Caisse a fait moins bien que le marché dans 11 de ses 15 portefeuilles. C'est ça que M. Rousseau aurait dû expliquer, il ne l'a pas fait» de résumer M. Legault qui assimile à une opération de relations publiques, dans un cadre sympathique au gouvernement libéral l'intervention de l'ancien PDG de la Caisse.

Le PQ a soumis une autre proposition pour une commission parlementaires sur la caisse qui entendrait d'abord les dirigeants actuels. Par la suite les déposants, des experts et la ministre viendraient s'expliquer. Pour M. Legault la proposition «d'interpellation» faite par le gouvernement pour vendredi prochain ne réponds pas aux attentes. Le format est si contraignant que «c'est une série de monologues» à l'Assemblée nationale, déplore-t-il.

L'ADQ comme médiateur

Après avoir réclamé une commission parlementaire sur la Caisse de dépôt, l'Action démocratique du Québec entend désormais jouer un rôle de médiation entre le gouvernement et l'Opposition péquiste pour que la commission voit le jour. En marge du caucus pré-sessionnel de son parti, la chef par intérim, Sylvie Roy a annoncé avoir mandaté le critique financier du parti, François Bonnardel pour qu'il propose au gouvernement et à au PQ une rencontre de négociations rapidement.

Plus tôt M. François Legault, pour le PQ, avait déjà indiqué qu'une réunion du comité directeur de la commission des finances publiques était déjà prévue pour mardi, 17 heures pour discuter à nouveau de réunions sur les résultats de la Caisse de dépôt. «L'ADQ décide de mettre de côté ses demandes sur la tenue d'une telle commission afin d'en arriver à une entente. Nous sommes prêts à agir avec toute l'indépendance nécessaire pour trouver un compromis qui pourrait satisfaire tout le monde» soutient François Bornardel, député adéquiste de Shefford et critique financier de son parti.

Amir Khadir n'est pas satisfait 

Du côté de Québec-solidaire, le député Amir Khadir était insatisfait hier des explications de M. Rousseau. Bien que M. Rousseau s'y soit opposé en conférence de presse, M. Khadir a encore une fois invité M. Rousseau à rembourser sa prime de départ de 348,000 $ et ses bonis au rendement.

« Après ce pur exercice de relations publiques tenu devant le gratin du Québec inc., on ne sait toujours pas pourquoi sous la gouverne de M. Rousseau, la Caisse de dépôt et placement s'est mutée en « Caisse des papiers commerciaux et placements douteux ».

Le refus de répondre de M. Rousseau illustre si besoin est la nécessité «de tenir une commission parlementaire spéciale de même qu'une commission d'enquête indépendante, sur le modèle de la Commission Gomery. Parce qu'au-delà des personnes, c'est à toute une culture de la spéculation qu'il faut s'attaquer », a précisé Amir Khadir.

Pour Québec solidaire, il faudra modifier le mandat de la Caisse pour qu'elle investisse d'abord et avant tout dans l'économie réelle, notamment dans des entreprises écologiquement et socialement responsables, de préférence au Québec », a indiqué Amir Khadir.