La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a annoncé jeudi la nomination de Robert Tessier à la présidence du conseil d'administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«C'est une question pas de jours, mais pas de mois non plus», a-t-il déclaré à la conférence de presse annonçant sa nomination à la tête du conseil d'administration, entrée en vigueur jeudi.

«On va procéder avec une extrême diligence, parce que je crois que c'est nécessaire pour redonner confiance à l'ensemble du personnel et les remettre au travail positivement», a précisé M. Tessier, en laissant entendre que la Caisse pourrait faire face à des défections.

«Il faut motiver (les employés), les retenir», a-t-il glissé.

Pourquoi a-t-il accepté ce poste délicat? «Parce que je suis un masochiste!» a-t-il lancé à la blague, avant d'ajouter: «quand vous recevez un appel de cette nature pour une organisation de cette importance pour le Québec, je ne pouvais vraiment pas dire non».

L'homme de 63 ans a dit avoir hésité parce que sa nouvelle fonction l'oblige à quitter la présidence du conseil d'administration de Gaz Métro [[|ticker sym='T.GZM.UN'|]], qu'il occupait depuis février 2007, de même que le conseil de l'entreprise informatique CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]]. Il a auparavant été président et chef de la direction du distributeur de gaz naturel, président d'Alstom Canada, secrétaire du Conseil du trésor et sous-ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles du Québec.

«C'est un homme de grande valeur, de grande expérience», a estimé la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

«Qu'apporte-t-il à court terme? Beaucoup de stabilité à la Caisse de dépôt, qui traverse aujourd'hui, comme bien d'autres sociétés du secteur financier, une grande période de turbulences. À plus long terme, M. Tessier apportera à la Caisse beaucoup de rigueur dans la gouvernance», a-t-elle ajouté.

Québec comptait annoncer la nomination de Robert Tessier mercredi, mais a dû repousser le tout d'une journée en raison de «vérifications» et de l'attente d'«engagements» de la part du principal intéressé, a indiqué la ministre.

Comme ce fut le cas lors des derniers processus de sélection de hauts dirigeants à la Caisse, le gouvernement a retenu les services de la firme Egon Zehnder International pour examiner les candidatures aux postes de président et de membres du conseil d'administration ainsi que de président et chef de la direction.

Mme Jérôme-Forget a expliqué que l'ancien président du conseil de la Caisse, Pierre Brunet, qui était en poste depuis avril 2005, avait proposé le renouvellement du mandat de l'ensemble des membres du conseil. Le gouvernement a préféré procéder à des changements importants.

Robert Tessier a convoqué vendredi à 9h00 une première réunion du conseil, au cours de laquelle on examinera les candidats finalistes pour le poste de chef de la direction. Une autre doit suivre peu de temps après pour arrêter le choix final du conseil, qui sera ensuite soumis à Québec.

Luc Bertrand, qui a annoncé jeudi sa démission comme grand patron de la Bourse de Montréal, est-il sur les rangs? «M. Bertrand est certainement quelqu'un de grande qualité», a avancé M. Tessier, sans vouloir en dire plus.

Robert Tessier se penchera ensuite sur les nouveaux membres du conseil, dont il proposera la nomination «par étapes», et non pas d'un seul bloc.

«Erreurs»

Quand on lui a demandé s'il fallait apporter des correctifs à la Caisse, qui a enregistré une perte de 39,8 milliards $ en 2008, M. Tessier a répondu: «je ne crois pas qu'il y ait une chose qui doive changer». Il a ensuite admis que des «erreurs» avaient été commises, notamment avec le papier commercial (PCAA), et qu'il faudrait «revoir» l'ensemble des pratiques en matière de gestion du risque de la Caisse.

Au plan politique, «il n'y a pas de commission parlementaire en vue» sur la gestion de la Caisse, a réitéré Monique Jérôme-Forget, rejetant une fois de plus le blâme sur l'opposition.

«J'attendais avant de nommer le président du conseil, avant de nommer un PDG, qu'il y ait cette commission parlementaire, a-t-elle affirmé. Or aujourd'hui, voyant qu'il n'y a pas d'entente, j'ai pris la décision d'annoncer la nomination du président du conseil.»

La firme Standard & Poor's a récemment maintenu la cote AAA de la Caisse, mais a placé l'institution «sous surveillance avec perspectives négatives», invoquant notamment, outre le piètre rendement de l'institution, le manque de stabilité et de leadership au sein de sa haute direction.