Le Mouvement Desjardins a dû dévaluer davantage ses avoirs en papier commercial, ce qui a fait plonger son bilan dans le rouge au dernier trimestre de 2008. La perte de 476 millions est la première perte trimestrielle importante de l'histoire de Desjardins.

Monique Leroux, qui termine sa première année à la tête du Mouvement Desjardins, est arrivée dans une période difficile pour le secteur financier en général et pour Desjardins en particulier. «Il est évident que je ne suis pas heureuse de ces résultats», a commenté celle dont le nom a déjà circulé pour remplacer Henri-Paul Rousseau à la Caisse de dépôt.

 

Desjardins a soustrait encore 591 millions de la valeur de ses placements en papier commercial adossé à des actifs non bancaires (PCAA) au dernier trimestre de 2008. Au total, son portefeuille de PCAA, qui valait 2,4 milliards, a été dévalué d'un peu plus de 1 milliard, soit de 45%.

À cause de ces dévaluations à répétition, le profit net de l'exercice a été un maigre 78 millions, comparativement à un excédent de 1,1 milliard en 2007.

Desjardins s'est retrouvé plongé dans la crise des PCAA en rachetant ces placements détenus par ses membres dans les fonds de type marché monétaire, mais aussi et surtout ceux de ses clients institutionnels, des caisses de retraite pour la plupart, qui ne sont pas des membres de la coopérative.

Aussi, même si la plupart des membres de la coopérative financière n'ont jamais touché aux PCAA, ce sont eux qui paieront la note. La direction de Desjardins a en effet demandé au réseau des caisses de réduire la part de leurs excédents qu'elles versent en ristournes à leurs membres afin de regarnir les réserves en capital de leur institution financière.

Les caisses ne pourront remettre qu'environ 200 millions à leurs membres, une baisse de 64% par rapport à 2007.

Selon Monique Leroux, la décision de racheter les PCAA détenus par les clients institutionnels visait à protéger les régimes de retraite de centaines de milliers de travailleurs québécois, dont un bon nombre sont des membres du Mouvement Desjardins. C'était ce qui nous a semblé être la meilleure décision, dans les circonstances, a-t-elle expliqué.

Même en sabrant les ristournes cette année, Desjardins se retrouve avec des réserves à leur niveau le plus bas depuis 2004. D'autres façons d'augmenter le capital seront envisagées, a indiqué Monique Leroux, qui songe à une nouvelle émission de parts permanentes quelque part en juin.

La présidente et chef de la direction de Desjardins n'a pas voulu dire si d'autres dévaluations liées aux PCAA seront nécessaires. Son vis-à-vis de la Banque Nationale, Louis Vachon, a déjà indiqué qu'il ne s'attendait pas à recouvrer plus de 50% de ses investissements en PCAA.

Jusqu'à maintenant, les trois plus importants détenteurs de papier commercial québécois ont réduit la valeur de leur portefeuille de 45% (Desjardins), 43% (Caisse de dépôt) et 40% (Banque Nationale).

En plus des pertes liées aux PCAA, Desjardins a souffert de la dégringolade des marchés boursiers et affiche une perte de 341 millions au chapitre des placements.

La rentabilité globale de Desjardins a été sérieusement mise à mal en 2008. Le rendement des capitaux propres, qui était supérieur à 12% depuis 2004, n'était plus que de 0,8% à la fin de 2008.

À cause de ces résultats, tous les dirigeants et les gestionnaires de Desjardins seront privés de bonis pour 2008, a fait savoir Monique Leroux.

Pour 2009, alors que le ralentissement économique s'accentue, Desjardins s'attend à ressentir les effets de ce ralentissement, particulièrement au niveau des marges d'intérêt, qui sont sous pression. À ce jour, toutefois, l'économie québécoise résiste assez bien, a souligné Monique Leroux.