Le gouvernement Charest veut se faire rassurant. Mais son engagement est de bien courte durée. «Pour cette année», il n'y aura pas d'impact pour les cotisants et les assurés qui dépendent des fonds accumulés à la Caisse de dépôt et placement (CDP), qui ont fondu du quart en 2008.

«Les résultats de la Caisse n'ont cette année aucun effet. Les retraités doivent être rassurés, ils vont recevoir leur prestation de la Régie des rentes, qui reçoit encore plus de cotisations qu'elle ne paie de prestations», dit Sam Hamad, le ministre de l'Emploi, responsable à ce titre de la Régie des rentes du Québec. Les rentes seront même indexées comme prévu cette année.

Il se faisait rassurant jeudi sur les pertes de la RRQ –dont le fonds de 37 milliards de dollars a fondu de 9 milliards en 2008, une chute de plus de 26%, l'une des plus mauvaises performances parmi les déposants à la Caisse de dépôt.

«Entre 2003 et 2007, les fonds de la Régie des rentes sont passés de 16 à 33 milliards. Ces placements sont toujours à long terme. Depuis sa création en 1966, le rendement de la Régie des rentes est de 8,5% en dépit des récessions et des krachs boursiers», a-t-il dit.

Il a confirmé qu'il faudrait attendre l'automne pour la consultation, promise il y a un an, sur les grandes orientations du régime de rentes «pour les prochaines années». Le document de consultation proposait un scénario qui, selon l'évolution démographique, proposait de faire grimper de 9,9 à 10,54 le pourcentage des cotisations pour atteindre l'équilibre. Avec le recul subi par la CDP en 2008, il faudra probablement le hausser à 11%, confient des sources proches de ce dossier.

Pour M. Hamad, toutefois, «il n'y a pour le moment aucune décision de prise. Il faut regarder le rendement qui, dans toutes les simulations qu'on a faites, est basé sur un rendement de 7%» a-t-il dit.

«On est pas fiers de voir que la Caisse a perdu 40 milliards, surtout lorsqu'on compare à la moyenne. Mais toutes les caisses ont perdu, la gestion des risques était un problème», résume M. Hamad. Il a refusé de spéculer sur l'impact des pertes d'emplois sur l'assistance sociale plus tard en 2009.

Pour David Whissell, ministre du Travail et responsable de la Commission de la construction,  il faut «rassurer la population sur les prestations de la CCQ». Administré par la CDP, le fonds de rentes des travailleurs de la construction est un fonds privé, «extra budgétaire», qui ne fait pas partie de la comptabilité du gouvernement. Les entrepreneurs entrevoient une hausse à venir des cotisations, en dépit du rendement passablement bon, de -15,9 %, des 11 milliards placés par la CDP. La CCQ a déjà eu des décisions à prendre sur les régimes de retraite de ses employés. Encore là, «pour cette année» les cotisations de la CCQ et de la Commission de santé et de la sécurité du travail ont été déterminées. Ces organisations sont paritaires, les travailleurs et les employeurs prendront les décisions nécessaires», a dit le ministre Whissell.

Pour Laurent Lessard, ministre de l'Agriculture, le problème de la Caisse est comparable à celui de bien des petits investisseurs. «Je suis un peu pissou dans mes investissements et je vois que mes fonds ont baissé de 38 % cette année», a-t-il ironisé pour illustrer que la contre-performance de la CDP était prévisible.

Henri François Gautrin croit que le gouvernement Charest n'a pas de responsabilité dans les déboires de la CDP, «le problème économique est mondial» a-t-il résumé.

Les élus libéraux ont groupé leurs tirs hier pour rendre l'opposition péquiste responsable du dérapage des négociations sur la tenue d'une commission parlementaire portant sur les résultats de la Caisse. «Le PQ ne veut pas commencer à poser des questions», accuse Alain Paquet, le président de la Commission des finances publiques. Le gouvernement souhaite tenir très rapidement ces audiences, pour que cette controverse soit sortie du débat public au moment de déposer le budget, a-t-on appris.