À voir fondre la capitalisation boursière des banques canadiennes jusqu'ici cette année, on pourrait penser qu'elles ne sont pas les plus solides au monde comme on le clame depuis l'automne.

Leurs actions ont fondu de 20% depuis le début de l'année alors que le maître indice torontois S&P/TSX a reculé deux fois moins vite.

 

Et pourtant, le palmarès du World Economic Forum était des plus sérieux, comme on pourra le voir à partir de mercredi quand débutera la divulgation de leurs résultats du premier trimestre terminé le 31 janvier.

Les analystes s'attendent à un recul de 8 à 10% de leurs bénéfices sur le trimestre précédent, car la période correspond au paroxysme de la crise du crédit qui secoue toutes les institutions financières occidentales.

«Les actions des banques canadiennes sont en baisse de 20% depuis janvier, reconnaît Peter A. Rozenberg, analyste chez UBS. Cela contraste significativement avec les américaines en chute de 53% et le secteur à l'échelle globale en repli de 25%.»

«Un important secteur qui performe très bien, exceptionnellement bien même à notre point de vue compte tenu des circonstances, c'est l'activité de détail auprès des particuliers et des entreprises», renchérissent Robert Sedran et Derek Tam, analystes à la Financière Banque Nationale FBN.

UBS et FBN publiaient hier leurs prévisions de revenus du secteur. Les deux analyses mettent en relief les nouvelles provisions pour prêts défaillants à la hausse que les banques devront prendre, compte tenu de la rapide détérioration de l'économie durant les trois mois d'activité.

Ils demeurent confiants néanmoins que toutes maintiendront leur dividende. Dans le cas de la Banque de Montréal [[|ticker sym='T.BMO'|]], le taux de distribution du bénéfice en dividende pourrait cependant grimper à 75%. La moyenne historique de la plus ancienne institution financière du pays est plutôt de 45 à 50%.

Le dividende des banques Royale [[|ticker sym='T.RY'|]], Scotia [[|ticker sym='T.BNS'|]], TD [[|ticker sym='T.TD'|]] et CIBC [[|ticker sym='T.CM'|]] représentera aussi une part plus grande des bénéfices que d'habitude, alors que celui de la Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]] devrait rester dans la moyenne historique.

L'exception notoire est la Laurentienne [[|ticker sym='T.LB'|]] qui a évité jusqu'ici le terrible engrenage de la titrisation toxique et de l'expansion aux États-Unis.

Le trimestre aura quand même été éprouvant pour toutes à cause des coûts de financement accrus qui grugeaient leurs marges de profit sur prêts dans un contexte où la Banque du Canada abaissait son taux directeur pour relancer les activités de prêts. Ces activités étaient effectivement à la hausse durant la période, ce qui contraste avec ce qui a été observé au pays de Barack Obama.

Heureusement, le crédit est depuis moins cher, ce qui présage de meilleurs résultats à ce chapitre pour le deuxième trimestre.

«Nous prévoyons que les banques canadiennes vont continuer de surpasser leurs pairs de l'industrie à l'échelle mondiale à cause d'un horizon économique plus stable, une meilleure qualité d'actif, peu d'éléments d'actif toxiques, une solide capitalisation et de bien meilleurs rendements», estime UBS.

Si tel est le cas, alors pourquoi les actions des banques canadiennes se négocient-elles à des cours d'à peine sept fois les bénéfices escomptés, ce qui est bien loin de leur moyenne historique?

«Il y a peu de doute qu'un rallye soutenu des actions des banques canadiennes requerra au moins la perspective d'un fonctionnement du système financier mondial et une reprise économique mondiale, explique pour leur part le tandem de la FBN. Cela suppose que d'autres juridictions réussissent à relever leurs défis.»

Ils montrent du doigt la nouvelle administration américaine qui, en dépit de ses louables efforts, n'est pas encore parvenue à rétablir la confiance.

 

PRÉVISIONS DU BÉNÉFICE PAR ACTION (premier trimestre)

Banque de Montréal 0,98$

Banque Laurentienne 0,95$

Banque Nationale 1,24$

Banque Royale 0,96$

Banque Scotia 0,92$

Banque TD 1,30$

CIBC 1,53$

Sources: Thomson Financial, Financière Banque Nationale, UBS