Le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC-FTQ), qui représente 15 600 syndiqués directement concernés par la transaction Metro-Jean Coutu, y voit «une excellente nouvelle» pour les emplois et le maintien des sièges sociaux au Québec.

Au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne, Tony Filato, président du conseil provincial des TUAC et président de la section locale 500 des TUAC, qui est affiliée à la FTQ au Québec, s'est dit ravi et soulagé à la fois.

«C'est une excellente nouvelle pour nos membres. Aujourd'hui, c'est difficile: on a Amazon qui a acheté Whole Foods; on a des grosses entreprises américaines qui viennent envahir notre marché. Et ils mettent une grosse pression. Pour que nos entreprises québécoises et canadiennes survivent, il faut qu'on ait des transactions comme on fait là. En plus, c'est une compagnie québécoise qui a son bureau chef ici, à Montréal même, avec plein de personnes qui travaillent dans le bureau chef. Et Jean Coutu aussi», a souligné M. Filato.

Le dirigeant des TUAC fait remarquer qu'en plus, Metro est réputé être un bon employeur en général, bien que localement certains de ses membres aient éprouvé des difficultés.

«En grosse partie, c'est une entreprise qui accepte le fait que ses employés soient représentés, comme IGA, comme Provigo. Ce sont des entreprises canadiennes qui ont le respect des droits des travailleurs», a jugé M. Filato.

Il importe de souligner que le syndicat des TUAC est aussi celui qui a dû faire face à Wal-Mart, où il avait réussi à syndiquer les employés de quelques magasins, avant que le géant conteste le tout devant les tribunaux.

Bien que le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche, ait annoncé qu'il y aurait «quelques centaines» de pertes d'emplois dans cette transaction, puisque Metro dispose déjà d'un centre de distribution pharmaceutique pour sa chaîne Brunet, M. Filato ne s'indigne pas.

«Effectivement, il y a quand même une consolidation qui se fait dans ces marchés-là. Mais c'est pas mal mieux une entreprise qui, dans les faits, s'adapte au marché, consolide. Oui, il y a certaines mises à pied, mais c'est pour ça qu'on est syndiqué: on est capable de négocier des ententes, de s'asseoir avec l'employeur et trouver des primes de séparation pour des gens qui prennent leur retraite. Et on trouve des solutions», a résumé M. Filato, optimiste.

Barrette et les pharmaciens

De son côté, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, qui avait déjà été écorché par le fondateur du Groupe Jean Coutu à cause de ses démêlés avec le ministre concernant la rémunération des pharmaciens, a rejeté tout blâme dans cette transaction.

«Je ne vois aucun lien entre ce que j'ai mis sur la table» et l'achat du Groupe Jean Coutu par Metro, a-t-il répondu lorsqu'interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse à Montréal.

Jean Coutu père avait reproché au ministre d'avoir voulu récupérer 300 millions sur le dos des pharmaciens propriétaires en négociant leur rémunération. Il se disait à l'époque amer quant à l'état de ses relations avec Québec.

Le ministre a rappelé que la transaction faisait l'objet de rumeurs depuis plusieurs mois et qu'elle était même inévitable, compte tenu de la consolidation de ce marché au pays.

D'ailleurs, lundi, le ton avait changé, et Jean Coutu, lors de sa conférence de presse, n'a plus parlé de ce désaccord avec Québec.

«J'en profite pour féliciter le docteur Barrette. Il a mis quelque chose sur la table qui est excessivement important: c'est que depuis trop d'années, la santé doit se déplacer vers quelques centres, que l'on appelle hospitaliers. Je pense qu'il a compris que dans la santé il faut être présent et il faut être présent quand on veut que les gens viennent chez nous, mais (aussi) présent quand les gens ont besoin de nous. Son initiative de présenter des super cliniques, mais (aussi) de rendre les diagnostics plus près de la clientèle, je dois le féliciter. S'il a besoin de partenaires, nous serons là», a-t-il commenté.