Dans son rapport sur Airbnb, la firme indépendante GLS Réseaux a calculé l'impact économique des 2,6 millions de nuitées passées chez les hôtes montréalais en 2017. Ces millions de touristes auraient dépensé en moyenne 180,53 $ par jour en repas, magasinage et activités culturelles, pour un total de 475 millions de dollars.

À ces dépenses de touristes s'ajoutent tous les revenus des 13 000 Montréalais propriétaires et locataires qui ont mis leurs logements ou leurs résidences à louer sur la plateforme Airbnb. Le montant des revenus s'élève à près de 115 millions de dollars.

LA MÉTHODOLOGIE SOUS LA LOUPE

L'étude a été réalisée par la firme de recherche et d'informations d'affaires et économiques GLS Réseaux, établie à Québec. Son président, Rémy Gauthier, a expliqué en entrevue téléphonique avec La Presse que des études d'impacts économiques démesurés ont été publiées au cours des dernières années, mais que celle-ci a été faite avec une méthodologie rigoureuse et réaliste.

« Souvent, l'approche des retombées économiques est utilisée par les promoteurs pour faire du lobbying. Dans ce cas-ci, nous avons utilisé une méthodologie développée par le ministère du Tourisme et l'Institut de la statistique du Québec. »

« Oui, les chiffres sont importants, mais quand on les décortique et qu'on soustrait ce qui n'est pas de l'ordre des retombées économiques, ça donne des retombées importantes, mais plus transparentes, plus cohérentes et plus réalistes. » - Rémy Gauthier, président de GLS Réseaux

Pour s'assurer de la justesse des retombées économiques provenant des revenus des hôtes, Rémy Gauthier et l'économiste Gilles Joubert ont soustrait de ces revenus une portion destinée à l'épargne, puisque cet argent ne contribue pas immédiatement à l'achat de biens et de services, ainsi qu'une autre portion destinée au remboursement de l'hypothèque, qui n'est pas une dépense productive.

L'APPORT DE LUXURY RETREATS

L'étude d'Airbnb inclut aussi la contribution de sa filiale Luxury Retreats. L'entreprise de location de résidences de luxe, qui s'adresse à des clients de partout dans le monde, est installée à Montréal et emploie 350 personnes. Airbnb affirme que les revenus d'exploitation de cette filiale totalisent 62 millions de dollars, incluant les salaires, le loyer et les dépenses technologiques.

Airbnb a commandé cette étude dans le but de démontrer à quel point son apport est important pour l'industrie touristique et l'économie locale. Montréal arrive au premier rang avant Toronto et Vancouver pour le nombre de nuitées réservées sur la plateforme.

« Des centaines de Montréalais se tournent vers Airbnb pour boucler leur budget, soutient la directrice des politiques pour Airbnb Canada, Alex Dagg. Plus de 40 % de nos hôtes utilisent Airbnb pour payer leur loyer ou leur hypothèque. C'est beaucoup. »

« Les clients, eux, visitent des magasins, des restaurants, des cafés dans les quartiers où ils séjournent, et pas juste des quartiers touristiques. Ce sont de nouveaux commerces qui en profitent. » - Alex Dagg

La directrice des politiques pour Airbnb Canada souligne que les Montréalais partagent de façon occasionnelle leur logement, soit environ 41 journées par année.

« Le gouvernement du Québec a reconnu ça, à la fin de juillet, poursuit-elle. Les hôtes qui partagent leur résidence principale ne sont pas obligés d'avoir un permis de la province. »

Toujours selon les données du rapport, les dépenses attribuables aux activités d'Airbnb ont permis au gouvernement du Québec de récolter en impôts 46,9 millions de dollars et au gouvernement fédéral, 19 millions de dollars.

Pour ce qui est de la taxe de 3,5 % sur l'hébergement d'Airbnb, qui est remise au gouvernement du Québec depuis le 1er octobre 2017, elle n'a pas été calculée dans les retombées économiques. Pour l'année 2017, le montant s'est élevé à 809 000 $.