Quel festival québécois génère le plus de retombées économiques ? Lequel est le plus payant sur le plan fiscal pour les gouvernements ? Le moins payant ? Pour la première fois, La Presse dresse le palmarès des retombées des festivals du Québec.

LE FESTIVAL INTERNATIONAL DE JAZZ DE MONTRÉAL AU PREMIER RANG

Avec des retombées économiques de 48,5 millions de dollars, selon la méthode de Tourisme Québec, le Festival international de jazz de Montréal est l'événement touristique qui engendre le plus de retombées économiques au Québec. La méthode de Tourisme Québec compte à la fois les touristes québécois d'un rayon supérieur à 40 km du lieu de l'événement et les touristes de l'extérieur du Québec qui sont venus principalement pour assister à l'événement.

> Tableau des retombées économiques

RETOMBÉES HORS QUÉBEC : LE JAZZ ET LA F1 DANS UNE CLASSE À PART

En comptant uniquement les retombées économiques liées aux touristes hors Québec, le Festival international de jazz de Montréal (29,1 millions) devance de peu le Grand Prix de F1 (27,9 millions). L'International des feux Loto-Québec, à La Ronde, arrive au troisième rang (20,3 millions), devant le festival Osheaga (15,2 millions). Environ 78 % des retombées économiques d'Osheaga proviennent des touristes hors Québec - de loin la proportion la plus élevée des 12 festivals du palmarès, même devant le Grand Prix (66 %) et le Festival de jazz (60 %).

> Tableau des retombées économiques hors Québec

SAINT-TITE POPULAIRE AUPRÈS DES TOURISTES QUÉBÉCOIS...

Le Festival western de Saint-Tite, qui attire principalement des touristes du Québec, arrive au deuxième rang avec des retombées de 45 millions, devant le Grand Prix de F1. Le festival western est surtout populaire auprès de touristes québécois. Pour les retombées économiques liées aux touristes hors Québec, le Festival western de Saint-Tite arrive au 10e rang sur 12 festivals, avec des retombées de 2,6 millions.

... ET DES GOUVERNEMENTS

Le Festival western de Saint-Tite est aussi le festival le plus rentable auprès des gouvernements, selon la méthode de calcul de Tourisme Québec. Subventionné à hauteur de 1 million par année, le festival western génère des retombées fiscales de 12,8 millions, soit un surplus fiscal de 11,8 millions.

> Tableau de la rentabilité fiscale des festivals

LE GRAND PRIX DÉFICITAIRE DE 6,6 MILLIONS

À l'inverse, le Grand Prix de F1 du Canada est de loin l'événement le plus déficitaire des 12 festivals du palmarès. Il génère des recettes fiscales de 8,1 millions, mais ses subventions totales sont de 14,7 millions (18,7 millions moins 4 millions de dollars en redevances sur les billets pour les gouvernements), soit un déficit fiscal de 6,6 millions. Deux autres festivals présentent de légers déficits fiscaux - 0,9 million pour les FrancoFolies et 0,8 million pour Montréal en lumière -, mais ils présentent une importante programmation gratuite. À titre d'exemple, la programmation gratuite des FrancoFolies représente environ 1 million de visites par année sur la place des Festivals.

28 ANS

Nombre d'années qu'il faudrait pour rembourser le coût de la place des Festivals (147 millions) avec le surplus fiscal généré par le Festival international de jazz de Montréal en 2017, selon la méthode de Tourisme Québec (5,4 millions par année). Inaugurée en 2009, la place des Festivals serait ainsi entièrement payée en 2037. Trois autres festivals (Juste pour rire, les FrancoFolies et Montréal en lumière) se produisent aussi à la place des Festivals, mais ces trois festivals atteignent ensemble le déficit zéro sur le plan fiscal (- 0,1 million).

8 ANS

Nombre d'années qu'il faudrait pour rembourser le coût des rénovations au site de l'amphithéâtre de l'île Sainte-Hélène (28 millions) uniquement avec le surplus fiscal annuel généré par le festival Osheaga selon la méthode de Tourisme Québec (3,6 millions par année). Le nouvel amphithéâtre doit être inauguré en 2019 - il serait donc entièrement payé en 2027. Le Groupe CH organise aussi trois autres festivals à l'île Sainte-Hélène (ÎleSoniq, Heavy Montréal, 77' Montreal), mais il n'a pas commandé d'études sur les retombées économiques de ces trois festivals.

ET LES RECETTES FISCALES HORS QUÉBEC ?

Seulement 3 des 12 festivals du palmarès ont accepté de divulguer les recettes fiscales tirées des retombées économiques hors Québec. Le Grand Prix du Canada génère des recettes fiscales de 8,1 millions au total, dont 6,4 millions hors Québec et 4,5 millions hors Canada. La Coupe Rogers, un tournoi de tennis, génère des recettes fiscales de 3,6 millions au total, dont 1,8 million hors Québec et 1 million hors Canada. Fierté Montréal génère des recettes fiscales de 2,2 millions au total, dont 1,5 million hors Québec et 0,7 million hors Canada. Les trois mêmes festivals ont aussi dévoilé leurs retombées économiques liées aux touristes hors Canada : 20 millions pour le Grand Prix (47 % des retombées totales de 42,4 millions), 3,3 millions pour la Coupe Rogers (23 % des retombées totales de 14,2 millions), 10,2 millions pour Fierté Montréal (29 % des retombées totales de 10,2 millions). Les autres festivals n'ont pas divulgué leurs retombées hors Canada.

UNE ERREUR DANS L'ÉTUDE DU GRAND PRIX

L'étude publiée en 2016 sur les retombées du Grand Prix indiquait que « plus de 85 % des retombées économiques et fiscales ont été générées par les visiteurs venant de l'extérieur du Québec ». Or, c'est faux, précise aujourd'hui Tourisme Québec, qui a participé à l'étude avec Tourisme Montréal, la Ville de Montréal et le Groupe de course Octane. Ce sont plutôt 66 % des retombées économiques et 79 % des recettes fiscales du Grand Prix qui proviennent de l'extérieur du Québec. La confusion vient du fait que 85 % des dépenses touristiques du Grand Prix proviennent de touristes de l'extérieur du Québec. Or, les retombées économiques ont beau être calculées à partir des dépenses touristiques (et aussi des dépenses d'organisation), ce sont deux chiffres distincts.

LE GRAND PRIX, CHAMPION JOURNALIER DES RETOMBÉES

Au chapitre des retombées économiques par jour, le Grand Prix de F1 est loin devant les autres événements.

Notes : L'International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu, le Rockfest de Montebello et les Régates de Valleyfield n'ont pas divulgué leurs études de retombées économiques. Il n'y a pas d'études menées pour Igloofest, ÎleSoniq, Heavy Montréal et 77' Montreal. Les retombées économiques hors Québec représentent les retombées économiques liées aux dépenses des touristes hors Québec (elles n'incluent pas les retombées liées aux dépenses d'organisation). Les retombées économiques/fiscales hors Québec et hors Canada ne sont pas des critères utilisés par Tourisme Québec dans le cadre de ses programmes. L'étude du Grand Prix a été réalisée par la firme Ad hoc et l'économiste Gilles Joubert pour le compte de Tourisme Québec, Tourisme Montréal, la Ville de Montréal et le Groupe de course Octane. Les autres études ont été réalisées par KPMG pour le compte des 11 festivals. L'International des feux Loto-Québec calcule les retombées économiques de ses visiteurs payants sur le site et des visiteurs qui ont assisté gratuitement aux feux à l'extérieur du site.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Le Festival western de Saint-Tite, qui attire principalement des touristes du Québec, arrive au deuxième rang avec des retombées de 45 millions, devant le Grand Prix de F1.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Le Grand Prix de F1 du Canada est de loin l'événement le plus déficitaire des 12 festivals du palmarès.