Les entreprises canadiennes semblent portées par un vent d'optimisme et leurs prévisions de ventes restent robustes, grâce à la solide demande, tant au pays qu'à l'étranger, selon les résultats de l'enquête trimestrielle de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises.

L'indicateur de l'enquête de la banque centrale a atteint son plus haut niveau depuis le deuxième trimestre de 2011, et les réponses à la plupart des questions du sondage se situaient au-dessus des moyennes historiques, a expliqué la banque.

Cependant, la quasi-totalité des réponses ont été soumises à la banque avant que les États-Unis annoncent l'imposition de tarifs sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du Canada.

L'escalade des tensions entre le Canada et les États-Unis, incluant les menaces de tarifs additionnels pour le secteur automobile, ont soulevé des inquiétudes pour l'économie.

L'enquête réalisée auprès d'environ 100 entreprises a montré que le solde des opinions quant à la croissance des ventes futures était légèrement positif, puisque les firmes tournées vers le marché intérieur, incluant celles liées au marché de l'habitation dans certaines régions, s'attendent à une modération de la croissance.

La banque centrale a noté que les entreprises qui étaient optimistes en ce qui a trait à leurs perspectives de ventes s'attendaient souvent à profiter d'une demande soutenue à l'étranger et au Canada, d'une amélioration des prix des produits de base, ou du lancement de nouveaux produits ou projets pour accroître leurs parts de marché.

«Les entreprises qui ont des clients à l'étranger ont déclaré que leur carnet de commandes était mieux garni qu'il y a 12 mois, et elles prévoient que leurs exportations progresseront plus rapidement durant l'année qui vient», a précisé la banque dans son rapport.

Cependant, l'enquête a également indiqué que le nombre d'entreprises qui auraient beaucoup de difficulté à faire face à une augmentation imprévue de la demande avait atteint des niveaux jamais vus depuis avant la récession de 2008-09.

«Le nombre d'entreprises déclarant avoir de la difficulté à répondre à la demande en raison de telles pénuries a augmenté et se situe tout juste au-dessus de sa moyenne historique. Cette situation s'observe principalement en Colombie-Britannique, mais elle est aussi courante dans le centre du Canada.»

Croissance supérieure aux attentes

L'enquête de la Banque du Canada était publiée alors même que Statistique Canada dévoilait les données sur le produit intérieur brut réel pour le mois d'avril. Celles-ci ont fait état d'une croissance de 0,1 pour cent du PIB par rapport au mois précédant, alors que les économistes s'attendaient plutôt à une croissance nulle.

Les gains dans les secteurs de la fabrication et des services publics ont plus que contrebalancé les baisses dans la construction et dans les mines, les carrières et l'extraction de pétrole et de gaz naturel. Ils ont ainsi aidé la production des industries productrices de biens à augmenter de 0,2 pour cent.

L'activité dans le secteur manufacturier a augmenté de 0,8 pour cent en avril, la production de biens manufacturés durables et non durables ayant augmenté.

Les industries productrices de services sont demeurées généralement inchangées en avril.

L'enquête sur les perspectives des entreprises et le nouveau rapport sur le PIB seront examinés de près par la banque centrale avant sa prochaine décision sur les taux d'intérêt, prévue le mois prochain.

La Banque du Canada a laissé son taux d'intérêt directeur inchangé à sa dernière annonce, mais sa déclaration à ce moment avait laissé croire à de nombreux économistes que les taux pourraient augmenter plus tard cette année.

Cependant, l'administration Trump a annoncé des tarifs sur les importations d'acier et d'aluminium un jour après cette annonce de la banque centrale, et a depuis menacé d'imposer des tarifs supplémentaires sur d'autres biens, y compris les automobiles. Le Canada a réagi en élaborant ses propres plans de tarifs sur des produits américains, lesquels ont été précisés dans une liste finale dévoilée vendredi par Ottawa.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a déclaré plus tôt cette semaine que l'escalade de la lutte commerciale transfrontalière et les nouvelles règles hypothécaires se trouveraient «au coeur» du processus décisionnel de la banque pour sa prochaine annonce sur les taux d'intérêt.

Le gouverneur a ajouté que la banque centrale continuerait à se concentrer sur les données économiques qu'elle peut modéliser plutôt que d'essayer de suivre la rhétorique politique.

La Banque du Canada a relevé son objectif de taux d'intérêt directeur à trois reprises depuis l'été dernier, ce qui a incité les grandes banques canadiennes à hausser leurs taux préférentiels. L'objectif de la banque centrale pour le taux du financement à un jour se situe actuellement à 1,25 pour cent.

L'enquête sur les perspectives des entreprises a été menée du 3 mai au 5 juin.