Le dossier des grutiers s'est envenimé, jeudi, après que ceux-ci eurent quitté l'important chantier du nouveau pont Champlain, dans la région de Montréal.

La Commission de la construction du Québec a confirmé qu'elle a lancé une enquête sur l'événement. S'il est prouvé qu'il s'agit d'une grève, celle-ci serait illégale.

Une grève ou un ralentissement de travail concerté est interdit lorsqu'une convention collective est toujours en vigueur. Or, la convention collective qui lie les organisations syndicales de la construction et les différentes associations d'employeurs du Québec est en vigueur jusqu'en 2021.

La Loi R-20, qui encadre l'industrie, prévoit des amendes salées en cas de grève illégale ou de ralentissement de travail concerté et illégal. Celles-ci vont de 7960 $ à 79 587 $ par jour pour les associations ou les représentants d'une association et de 57 $ à 199 $ par jour pour les travailleurs qui y participent.

Le fond du litige est la grogne des grutiers - et même de plusieurs entreprises de grues - à l'endroit des modifications qui sont entrées en vigueur, le 14 mai dernier, à la formation des grutiers.

L'accès au métier pour les grutiers non diplômés sera facilité, afin de le mettre au même niveau qu'il l'est pour les autres métiers. Une formation en entreprise remplacera le cours de perfectionnement appelé Utilisation sécuritaire d'une grue, qui était déjà offert aux travailleurs non diplômés. Il couvre plus de matière, intègre des notions pratiques et théoriques, a précisé la CCQ.

Les employeurs qui tiennent à n'embaucher que des grutiers qui détiennent un Diplôme d'études professionnelles en conduite de grues pourront continuer de le faire.

Mais ces modifications ont mécontenté particulièrement la section locale 791-G, qui représente les grutiers et qui est affiliée à la FTQ-Construction. Ceux-ci disent craindre pour leur propre sécurité et pour la sécurité du public, puisque les grues transportent de lourdes charges et à proximité d'habitations, de voitures, de piétons.

Ils ont même déjà porté plainte au Protecteur du citoyen, invoquant la sécurité du public.