Après deux mois de surplace, la création d'emplois a repris au Québec en mars, mais le taux de chômage est resté inchangé à 5,6 %.

Avec 16 000 emplois de plus, le Québec est le champion de la création d'emplois au Canada, où le taux de chômage est également resté inchangé à 5,8 % le mois dernier, a indiqué hier Statistique Canada.

Pour le premier trimestre de 2018, le bilan du Québec est négatif, avec 4300 emplois de moins que pour le trimestre précédent.

Il ne faut pas s'en inquiéter, selon Joëlle Noreau, économiste principale de Desjardins. 

« La création d'emplois continuera d'augmenter en 2018, mais elle sera moins spectaculaire que l'an dernier. »

- Joëlle Noreau, économiste principale de Desjardins

Les difficultés de recrutement vécues par de plus en plus d'entreprises iront en augmentant, selon elle, parce qu'une part croissante de la population québécoise est déjà au travail.

Le taux d'emploi, qui mesure le nombre de personnes qui travaillent par rapport au total de celles en âge de travailler (15 ans et +), augmente rapidement au Québec. Le taux d'emploi au Québec a même dépassé celui de l'Ontario pour la première fois depuis 10 ans.

Depuis un an, soit entre mars 2017 et mars 2018, le nombre d'emplois au Québec est en hausse de 85 000, ou 2 %. Le taux de chômage est passé de 6,3 % à 5,6 % pendant cette période de 12 mois.

La meilleure performance en matière de création d'emplois depuis un an revient au secteur des soins de santé et assistance sociale (+ 29 200) et la pire, au secteur du commerce de gros et détail (-15 400).

DE BONS EMPLOIS

Il y a plus d'emplois, mais quelle sorte de postes ? De bons emplois, estime l'Institut du Québec, qui évalue la qualité des emplois à l'aide de six indicateurs.

« La qualité des emplois se maintient depuis mars 2017 », assure Jean-Guy Côté, directeur de l'Institut du Québec, un partenariat entre le Conference Board et HEC Montréal qui s'intéresse aux enjeux socioéconomiques du Québec.

Les indicateurs de qualité des emplois sont basés sur six variables, dont la croissance de l'emploi à temps plein, la croissance de l'emploi bien rémunéré et le nombre de travailleurs à temps partiel involontaires.

Selon l'Institut du Québec, ces variables évoluent positivement, à l'exception de la croissance des salaires, qui n'est pas aussi forte au Québec que la moyenne canadienne. 

« Le seul point négatif en ce qui concerne la qualité des emplois, c'est la croissance des salaires. »

- Jean-Guy Côté, directeur de l'Institut du Québec

Pour l'ensemble du Canada, le salaire horaire moyen est en hausse de 3,3 % depuis un an, soit une croissance supérieure à l'inflation.

UNE RÉALITÉ MOINS ROSE

Quelque 32 300 emplois ont été créés au Canada en mars, ce qui est plus que ce à quoi s'attendaient les analystes. Selon l'un d'eux, David Rosenberg, de la firme Gluskin Sheff, ces bons chiffres cachent toutefois une réalité moins rose.

« Les gains viennent entièrement du secteur public et du travail autonome, alors que le secteur privé a perdu 7000 emplois en mars. »

- David Rosenberg, analyste de la firme Gluskin Sheff

Depuis le début de l'année, le secteur privé a 69 300 emplois de moins qu'au trimestre précédent qui a pis fin le 31 décembre.

Au Canada, le premier trimestre de 2018 se solde par une perte nette de 40 000 emplois, comparativement au dernier trimestre de 2017.