SNC-Lavalin s'est refait une santé depuis ses années de misère de 2012 et 2013, alors que les scandales de corruption jaillissaient de toutes parts.

Ses plus récents résultats annuels pour 2017, publiés il y a un mois, sont éloquents à cet égard. À 9,3 milliards, le chiffre d'affaires est supérieur de 1,4 milliard, ou 18 %, à celui comptabilisé pour l'année 2013.

De plus, pratiquement anéantie en 2013 par l'avalanche de coûts spéciaux liés aux scandales, la marge bénéficiaire nette de SNC-Lavalin s'est redressée autour de 4 %, ce qui s'est traduit par 383 millions de profit net en 2017, comparativement à un maigre 35,8 millions en fin d'exercice 2013.

Pour ses actionnaires aussi le bilan financier de SNC-Lavalin est bien meilleur : bénéfice par action (dilué) de 2,34 $ fin 2017, contre seulement 24 cents en 2013 ; capital des actionnaires ayant plus que doublé, à 5,2 milliards, fin 2017, contre 2 milliards en 2013.

Les perspectives d'affaires de SNC-Lavalin, mesurées par son carnet de commandes, se sont aussi redressées considérablement depuis cette année de misère de 2013, alors que le géant de l'ingénierie accumulait les punitions auprès de grands organismes internationaux de financement de projets d'infrastructure, dont la Banque mondiale.

Selon l'analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, le carnet de commandes de SNC-Lavalin approchait les 11,9 milliards en fin de quatrième trimestre 2017, si l'on tient compte des 1,5 milliard attribuables à sa participation au consortium principal de construction du futur train léger régional REM à Montréal.

Ce montant de 11,9 milliards est supérieur de 3,6 milliards, ou 43 %, à son niveau au quatrième trimestre comparable en 2013.

« UNE ENTREPRISE QUI A GRANDI »

Même au Canada, où SNC-Lavalin attend encore la suite judiciaire d'accusations qui, dans le pire des cas, pourraient l'exclure de contrats gouvernementaux pour une décennie, ses perspectives d'affaires se sont grandement améliorées.

Dans son plus récent rapport sur SNC-Lavalin, publié lors de ses récents résultats de fin d'exercice, l'analyste Benoit Poirier souligne sa « bonne position » pour les prochains projets de pipelines pétroliers dans l'Ouest canadien, ainsi que les projets d'un pont transfrontalier à Windsor-Detroit (estimé à 2 milliards) et de la ligne de train léger Finch à Toronto (estimée à 1 milliard).

S'ils s'avèrent, ces projets s'ajouteraient à deux contrats milliardaires déjà obtenus par SNC-Lavalin pour d'importants projets de transport au Québec : le train REM géré par la Caisse de dépôt et le nouveau pont Champlain en construction au-dessus du Saint-Laurent et de la Voie maritime.

Isabelle Perras, vice-présidente principale aux communications, a indiqué hier que SNC-Lavalin est « définitivement une entreprise qui a grandi suite à cette crise-là ». « On est très, très fiers de tous les contrats que l'on gagne et de travailler avec nos clients », a-t-elle ajouté.

Selon Mme Perras, « la haute direction a pris tous les gestes importants et on a un code d'éthique très robuste. Les employés sont formés chaque année sur les meilleures pratiques d'affaires dans le monde ».