Le dernier budget Leitão avant les élections générales d'octobre a été reçu, de façon générale, comme un budget électoraliste qui fait pleuvoir les millions tous azimuts, après des restrictions budgétaires répétées.

C'est le président de la FTQ, Daniel Boyer, qui a le mieux résumé l'esprit général: «C'est une année électorale. On a été pas content des derniers budgets; celui-là, on est content. Mais on ne pense pas que c'est une bonne gestion de gérer ça en fonction des années des élections. Le jupon dépasse pas mal: on est en année électorale, alors les clowns, les feux d'artifice et les ballons...»

Santé

Les infirmières restent sur leur faim, dans l'incertitude. En entrevue, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé, Nancy Bédard, s'est dite déçue qu'une somme dédiée ne soit pas déjà affectée aux fameux ratios infirmières-patients, qui doivent être déterminés par 16 projets pilotes.

«Cet engagement-là du ministre de la Santé, on aurait aimé le voir avec des objectifs précis dans le budget et, malheureusement, on le retrouve dans un grand énoncé» vague, a déploré Mme Bédard.

Carolle Dubé, présidente de l'APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux) reste aussi sur son appétit pour le soutien aux centres jeunesse.

De plus, elle aurait voulu en savoir davantage pour les autres professionnelles qu'elle représente dans la santé. «On reste dans du vague un peu. On ajoute des sommes d'argent significatives dans les soins à domicile, mais, en même temps, on a tellement coupé dans les dernières années que ça va aider, mais je ne suis pas sûre qu'on va rattraper tout ce qu'on a perdu dans les dernières années.»

Éducation

À la Centrale des syndicats du Québec, la présidente Louise Chabot voit du cynisme dans ce budget où Québec réinvestit après avoir tant coupé. «On voit qu'il y a des élections dans quelques mois; on voit un gouvernement qui se sent investi de l'idée d'investir en santé, en éducation. Mais pour nous, c'est trop peu et, malheureusement, trop tard.»

Le président de la Fédération autonome de l'enseignement, Sylvain Mallette, a soutenu que même avec les importants réinvestissements maintenant annoncés, Québec ne bouche pas encore complètement le trou qu'il a creusé, les années passées.

«C'est seulement en 2021-2022 qu'on reviendra à l'équivalent du budget de 2010. Donc ce que fait le gouvernement, c'est qu'il ne fait que rembourser le 1,5 milliard $ qu'il est allé couper», a critiqué M. Mallette.

Formation

Le président de la FTQ, Daniel Boyer, se réjouit des fonds annoncés pour la formation de la main-d'oeuvre, mais veillera au grain quant à savoir comment ils seront octroyés. «810 millions au cours des cinq prochaines années dans la formation professionnelle et l'adaptation du marché du travail, ça ce sont des bonnes nouvelles», a applaudi le président de la plus grande centrale syndicale du Québec.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, a penché dans le même sens. «C'est toujours l'enjeu de la formation sur mesure. Mais, en même temps, il y a des besoins en formation et il y a de l'argent. Là, il s'agit de voir comment on va l'aborder.»

Stéphane Forget, PDG de la Fédération des Chambres de commerce du Québec, a applaudi aux investissements en formation de la main-d'oeuvre, puisque les entreprises le revendiquent depuis des années, particulièrement celles qui sont en région.

Martine Hébert, vice-présidente principale de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, applaudit à ce qu'elle appelle «un plan pour la formation de la main-d'oeuvre» qui prévoit par exemple une bonification du crédit d'impôt pour travailleurs expérimentés.

Employeurs

De façon générale, «il y a un soupir de soulagement pour les entreprises. Ces derniers mois, on a annoncé beaucoup de mesures: augmentation du salaire minimum, Régime des rentes du Québec, normes du travail. Là, il y a des mesures d'atténuation qui vont permettre aux entreprises de respirer un peu plus», a commenté M. Forget.

Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat, se réjouit tout autant. «On est satisfait parce qu'il répond à plusieurs des demandes que le milieu des affaires, les employeurs avaient: premièrement le contrôle de la dette, et, surtout, tous les investissements au niveau de la main-d'oeuvre.»

À la FCEI, Martine Hébert juge que «globalement c'est un bon budget pour les PME; c'est sûr que ça va nous permettre d'atténuer un peu les impacts de factures importantes qu'on leur a refilées, ces dernières semaines».

Environnement

Steven Guilbeault, d'Équiterre, affirme ne jamais avoir vu auparavant une telle augmentation du budget du ministère de l'Environnement.

«Pour les questions d'environnement, de mobilité durable, on est agréablement surpris. On investit non seulement dans de nouveaux projets, on investit aussi dans le service de transport en commun», s'est-il réjoui.

Logement

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU (Front d'action populaire en réaménagement urbain), se dit soulagée de voir que le gouvernement veillera à la création de 3000 unités de logement, puisqu'il en avait diminué le nombre à 1500 dans le passé.

«Ça ne nous satisfait pas, mais on est soulagé, parce que le programme est en révision et on avait peur que le gouvernement utilise ce prétexte pour ne pas réinvestir dans Accès-Logis. Il y a des investissements légèrement supplémentaires, on parle de 18 millions $ de plus pour les 3000 unités comparativement à l'an passé», a noté Mme Laflamme.

Cannabis

L'Union des municipalités du Québec, qui avait évalué que la part municipale du partage en trois tiers des revenus du cannabis équivalait à 30 millions $ par année, se dit satisfaite.

«Nous aussi on veut voir évoluer la situation du côté de la réalité, du côté des revenus. Être fixé à 30 millions, mais sur deux ans, pour nous c'est positif», a opiné le président de l'UMQ, Alexandre Cusson.

Justice

Le Barreau du Québec a quant à lui salué l'investissement de 500 millions $ pour informatiser le système de justice.

«Aujourd'hui, nous pouvons nous réjouir, car après avoir réclamé pendant des années ces investissements significatifs, nos efforts semblent finalement porter fruit. C'est une victoire pour la justice. Cette somme permettra aux citoyens de faire des gains de temps et d'argent, mais surtout les fera bénéficier d'un meilleur système de justice», a déclaré le bâtonnier du Québec Paul-Matthieu Grondin.

Pauvreté

Le Collectif du Québec sans pauvreté a quant à lui reproché au gouvernement de vouloir «maquiller son bilan» après «des années d'austérité.»

«Le contexte de ce budget était propice pour mettre en place des mesures toutes simples qui auraient pu faire une grande différence dans la vie des gens. Plus aucun prétexte ne tient la route et il est urgent de s'attaquer à un scandale qui perdure : 760 000 personnes ne couvrent toujours pas leurs besoins de base alors que le Québec traverse une période de croissance économique sans précédent, avec un taux de chômage très bas et des finances publiques prétendument en ordre», a déploré Serge Petitclerc dans un communiqué.