Les nuages au-dessus du libre-échange entre le Canada et l'Europe, de même que la décision de Bombardier de céder le contrôle de la C Series à Airbus, projet dans lequel le gouvernement du Québec avait investi un milliard, seront en toile de fond de la mission d'une semaine qu'entreprend à compter de lundi Philippe Couillard en France.

M. Couillard débute sa tournée avec une rencontre avec Emmanuel Macron, à l'Élysée, un premier face à face entre les deux hommes depuis l'élection de M. Macron il y a près d'un an. Ils s'étaient déjà rencontrés brièvement en 2015 quand M. Macron était ministre de l'Économie. Ils avaient échangé un coup de fil après l'élection du nouveau locataire de l'Élysée.

Plus tard dans la semaine, M. Couillard rencontrera le premier ministre Édouard Philippe, le côté formel de ces rencontres annuelles alternées. Trois ministres québécois l'accompagnent: Christine Saint-Pierre (Relations internationales), Sébastien Proulx (Éducation) et Isabelle Mélancon (Environnement). On veut aussi souligner le 50e anniversaire de la création de l'Office franco-québécois pour la jeunesse. Rencontre habituelle dans ces passages à Paris, le premier ministre du Québec rencontrera la présidente de l'Organisation internationale de la francophonie, Michaëlle Jean.

Les relations France-Québec sont plus délicates. Bien sûr, tout le monde s'entend sur la nécessaire défense de la langue française, mais son usage sur internet soulève des questionnements des deux côtés de l'Atlantique. La concurrence farouche des entreprises du net avec les commerces traditionnels est aussi source d'inquiétude. Aussi, la montée du protectionnisme risque de mettre en cause des acquis de l'Accord économique de libre-échange entre le Canada et l'Europe.

Cette question sera à nouveau débattue lors d'un échange, plus tard dans la semaine, entre le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, élu dans la majorité de République en marche, une formation auprès de laquelle le Québec n'a que peu d'entrées.

Mardi, M. Couillard, de même qu'une délégation d'une cinquantaine de gens d'affaires se rendront à Toulouse, au siège social d'Airbus, rencontrer le grand patron Tom Anders. Le géant Airbus compte 130 000 employés et représente un actif de 67 milliards d'euros. Sans récolter un sou, sous extrême pression financière, Bombardier acceptait en octobre de céder le contrôle de l'entreprise constituée par la C Series dans laquelle, l'an dernier, le gouvernement Couillard avait injecté 1,3 milliard canadien. Pour l'heure, la chaine de montage et les emplois demeurent au Québec, mais Airbus n'est pas liée à long terme au maintien des emplois au Québec, pas plus qu'au recours aux fournisseurs de Bombardier.

Tout récemment, l'Office américain du commerce refusait finalement des droits de 300 % qu'exigeait le compétiteur Boeing pour freiner l'entrée de la C Series dans le créneau des appareils de 100-150 places. Cette menace avait pesé lourd dans la décision de Bombardier de sauter sur l'offre d'Airbus.

Pour Bombardier, deux représentants accompagneront M. Couillard, mais le patron Alain Bellemare sera absent. Le patron du centre manufacturier de Saint-Laurent, Hugo Brouillard, de même que le vice-président aux relations gouvernementales, Pierre Sein Pyun, représenteront Bombardier. D'autres fournisseurs, comme CAE et Aéro, seront aussi des rencontres avec les dirigeants d'Airbus.

M. Couillard aura aussi un entretien avec la directrice générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, et le Secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria.