Le gouvernement fédéral et Téo Taxi, l'entreprise d'Alexandre Taillefer, n'ont pas payé les sommes qu'ils devaient verser à l'ePrix de Montréal. Ottawa s'était engagé à faire un prêt de 1,75 million et Téo Taxi, une commandite de 35 000 $ à l'organisme responsable de l'événement (MCE), aujourd'hui en faillite.

PAS DE FINANCEMENT D'OTTAWA

Le gouvernement fédéral ne versera pas son prêt de 1,75 million pour l'ePrix de Montréal. Ottawa s'était engagé à octroyer ce prêt remboursable afin de payer les droits de course à la Formule électrique pour la première année. Ottawa devait verser l'argent à Montréal c'est électrique (MCE), l'organisme sans but lucratif responsable de la course. Or, MCE est tombé en faillite avant de pouvoir remplir les conditions de reddition de comptes nécessaires pour obtenir l'argent du fédéral.

À CAUSE DE LA FAILLITE DE MCE

MCE a déclaré faillite le 5 février, et le gouvernement fédéral a comme politique de ne pas verser de sommes à un organisme en faillite. « L'annulation de la course rend le respect des termes de notre entente impossible à l'heure actuelle. Aucune somme n'avait encore été versée à MCE par Développement économique Canada (DEC) avant que l'organisme ne fasse faillite. C'est la procédure standard de ne pas financer d'organismes ou d'entreprises qui sont en faillite », a indiqué par courriel le cabinet du ministre fédéral du Développement économique, Navdeep Bains. Selon l'entente de départ, Ottawa devait recevoir des redevances de 10 % sur les revenus à partir de la troisième édition de l'ePrix de Montréal, jusqu'à concurrence de son prêt de 1,75 million.

ET QUÉBEC ?

De son côté, le gouvernement du Québec avait octroyé une subvention de 1,5 million à la première édition de l'ePrix. Québec n'a pas pu préciser hier la partie de cette subvention déjà versée à MCE, et la somme qu'il reste à verser.

DES DETTES DE 18,2 MILLIONS

MCE est en faillite depuis le 5 février dernier. L'assemblée des créanciers doit avoir lieu aujourd'hui. Selon le bilan préliminaire déposé par MCE en cour, les actifs se chiffrent à 461 500 $ et les dettes, à 18,2 millions. La Ville de Montréal détient une créance garantie de 161 500 $. Les trois principaux créanciers non garantis sont les propriétaires de la Formule électrique - l'entreprise Formula E Operations - (9,8 millions), la Ville de Montréal (7,1 millions) et le promoteur evenko (1,1 million).

L'EPRIX A « NUI » À TÉO TAXI

Selon Alexandre Taillefer, le fondateur de Téo Taxi et l'un de ses actionnaires par l'entremise du fonds d'investissement XPND, l'ePrix de Montréal a « nui » à la réputation de Téo Taxi, qui avait contracté une commandite de 35 000 $ pour la première édition l'été dernier. « Le montant n'a pas été payé parce que Téo gérait sa trésorerie de façon serrée, nous avons complété notre financement le 1er février. Depuis, l'organisme a fait faillite. Le syndic va réclamer le paiement, que nous devrons faire. Nous pourrions contester le montant puisque la commandite n'a pas aidé notre réputation, elle y a plutôt nui », a indiqué par courriel M. Taillefer, qui était aussi président d'honneur de cette première édition du ePrix.

MANQUE DE TRANSPARENCE, DIT TAILLEFER

Le président d'honneur de l'ePrix estime que l'ex-maire Denis Coderre a fait « une grande erreur » en ne dévoilant pas les chiffres complets de vente des billets tout de suite après la course. « Le maire Coderre aurait dû sortir dès le lendemain en expliquant les ventes réelles versus les faveurs. Lancer un nouvel événement a un coût. Garder ce chiffre secret était une grande erreur, la transparence aurait dû dicter son approche », a indiqué M. Taillefer, qui croit à la Formule électrique. « Je pense que c'était un bel événement et qu'il va prendre de plus en plus de place, indique M. Taillefer. Les grands constructeurs joignent tous cet événement. [...] La vision était la bonne. Montréal quitte un speedboat. »

PHOTO PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

Alexandre Taillefer, le fondateur de Téo Taxi