La réforme fiscale qui s'amène dès janvier aux États-Unis, comportant des baisses d'impôt pour les entreprises, pourrait valoir des millions de dollars en bénéfices nets additionnels parmi les entreprises canadiennes qui ont une part importante de leurs revenus et de leurs actifs d'affaires au sud de la frontière.

À lui seul, le géant fromager montréalais Saputo pourrait dégager l'équivalent d'une cinquantaine de millions en bénéfices nets additionnels d'ici deux ans.

C'est du moins l'estimation faite par l'analyste Keith Howlett, chez Desjardins Marché des capitaux, dans une brève analyse à la suite de l'adoption du plan fiscal de l'administration Trump à Washington, juste avant l'ajournement politique des Fêtes.

Selon l'analyste, la réduction dès janvier 2018 d'un tiers du taux d'imposition fédéral (de 35 % à 21 % environ) des entreprises aux États-Unis, où Saputo réalise un peu plus de la moitié (55 %) de son bénéfice d'exploitation, pourrait abaisser le taux d'imposition consolidé sur l'ensemble de ses activités internationales des environs de 30 % à seulement 26 % d'ici deux ans.

Cette réduction du taux d'imposition consolidé s'annonce telle chez Saputo que Keith Howlett y trouve motif à rehausser ses prévisions de bénéfice net par action pour l'exercice 2018 en cours et l'exercice suivant en 2019.

Pour l'exercice 2018 qui se terminera en mars prochain, l'analyste porte de 2,00 $ à 2,03 $ sa prévision de bénéfice net par action, ce qui équivaut à 11 millions CAN en fonction des 386,7 millions d'actions de Saputo en circulation.

Pour l'exercice 2019 suivant, qui débutera en avril 2018 et se terminera en mars 2019, l'analyste de Desjardins relève sa prévision de bénéfice net de 2,23 $ à 2,35 $ par action. Cette majoration de 12 cents par action équivaudrait à 46 millions en fonction d'un même nombre d'actions en circulation.

En tout, c'est donc près de 57 millions en bénéfices nets additionnels dont pourrait profiter Saputo d'ici deux ans.

UNE CONTRIBUTION POSITIVE

Est-ce que ces prévisions fiscales seront effectivement aux prochains rendez-vous comptables chez Saputo ? Ça dépendra évidemment de la conduite de ses affaires courantes, notamment de la bonne intégration de ses récentes acquisitions d'envergure, dont celles de la coopérative laitière Murray Goulburn (1,3 milliard), en Australie, et du producteur de fromage de chèvre Betin/Montchevre (340 millions), aux États-Unis.

N'empêche, pour l'analyste Keith Howlett, le gain anticipé de bénéfice net découlant des baisses d'impôt aux États-Unis pourrait contribuer positivement à la valeur boursière de Saputo.

C'est pourquoi il rehausse son prix cible des actions de Saputo d'ici un an de 47 $ à 49 $ l'unité, soit 4 % de plus ou quelque 773 millions en valeur boursière ajoutée.

En Bourse, hier, les quelques investisseurs actifs malgré l'accalmie des Fêtes ont semblé apprécier cette perspective de baisses d'impôt payantes pour Saputo aux États-Unis. Ils ont poussé les actions du géant fromager en hausse de plus de 2 % en cours de séance - l'équivalent de 309 millions en valeur boursière - avant de clore en hausse moins prononcée de 1,3 %.

À 45,47 $, les actions de Saputo demeurent en deçà de leur sommet historique de 48,52 $ atteint le 26 janvier 2017, soit il y a 11 mois. Mais autour de 17,65 milliards, la valeur boursière de Saputo est fermement installée parmi les meneurs de Québec inc. en Bourse.

SAPUTO EN CHIFFRES (EN DOLLARS CANADIENS)

• Chiffre d'affaires (quatre derniers trimestres) :  11,46 milliards (+ 3 % en un an)

• Bénéfice d'exploitation (quatre derniers trimestres) :  1 milliard (+ 6 %)

• Bénéfice net (quatre derniers trimestres) :  746 millions (+ 9 %)

• Bénéfice net par action (quatre derniers trimestres) :  1,92 $ (+ 10 %)

• Valeur boursière : 17,65 milliards

• Valeur des actions détenues par les Saputo : 7,6 milliards (167,19 millions d'actions au 23 mai 2017)

Sources : Thomson Reuters, Saputo, Bourse de Toronto

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