Même si les baisses d'impôt annoncées cette semaine contribueront à faire fondre la réserve de stabilisation du gouvernement Couillard à environ 1,8 milliard $, le Québec est toujours capable d'absorber un choc économique, croit le ministre des Finances, Carlos Leitao.

C'est ce qu'il a affirmé, jeudi, alors qu'il venait présenter les mesures de sa mise à jour économique devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Advenant que certains éléments - comme l'issue de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) - viennent  peser sur l'économie à court terme, le Québec aura les moyens d'agir, a dit M. Leitao.

«On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve, mais nous pouvons passer à travers des événements non planifiés», a-t-il lancé lors d'un échange avec le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.

Selon le grand argentier, une somme qui avoisine les 2 milliards $ dans la réserve de stabilisation permet de contrebalancer un recul d'environ trois points de pourcentage du produit intérieur brut (PIB).

Mise sur pied afin d'atténuer les effets d'imprévus ou des cycles économiques défavorables, cette enveloppe contenait près de 4,5 milliards $ à la fin de l'année financière 2016-2017, qui s'est terminée le 31 mars dernier.

Or, l'allégement du fardeau fiscal et les réinvestissements obligeront Québec à piger environ 2,75 milliards $ dans cette enveloppe afin de continuer d'atteindre l'équilibre budgétaire.

Interrogé en marge de son discours, le ministre des Finances a estimé qu'un montant de 1,8 milliard $ constituait une «réserve prudente». Il ne s'est toutefois pas avancé sur la somme idéale pour cette enveloppe.

En plus de cette réserve de stabilisation, M. Leitao a rappelé, lors de ses échanges avec M. Leblanc, qu'il tablait toujours sur des prévisions de croissance «conservatrices» du PIB, ce qui, à son avis, offre une marge de manoeuvre supplémentaire.

Dans sa mise à jour économique, le ministre chiffre à 2,6 % la croissance économique de la province en 2017, ce qui, par exemple, est largement inférieur à la prévision du Conference Board du Canada, qui table sur une augmentation de 3,2 %.

«Dans le cadre financier, il y a aussi des provisions pour éventualités de 100 millions $ du côté des revenus, a ajouté M. Leitao. Du côté des dépenses (...) il y a un fonds de suppléance de 600 millions $ à 700 millions $, ce n'est pas rien. Il y a également une marge budgétaire au Trésor d'un montant semblable.»

Au tour des PME

Après les particuliers dans sa mise à jour économique, M. Leitao a rappelé que son prochain budget contiendrait des mesures afin d'aider les petites et moyennes entreprises (PME), sans toutefois aller jusqu'à promettre de réduire leur taux d'imposition.

Alors que l'incertitude plane au-dessus des relations canado-américaines et que Washington désire réduire l'imposition des entreprises établies aux États-Unis, le ministre des Finances a dit vouloir s'assurer de maintenir la compétitivité des PME.

«Ce ne sera pas nécessairement seulement des baisses d'impôt, a-t-il dit. Nous allons aussi nous pencher sur les taxes entourant la masse salariale. Pour plusieurs compagnies, les taxes sur la masse salariale sont plus compliquées.»

Au Québec, le taux d'imposition des PME est de huit %, sauf pour les entreprises des secteurs manufacturier et primaire, qui sont imposées à hauteur de quatre %. Quant aux taxes sur la masse salariale, le taux moyen est d'environ 15 %, selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

Bien que les États-Unis constituent le principal marché d'exportation des PME québécoises, M. Leitao aimerait leur donner un coup de pouce afin d'explorer de nouveaux marchés, comme l'Europe, dans la foulée de l'accord de libre-échange conclu avec l'Union européenne.