Discrètement, Beauharnois, dans le nord-ouest de la Montérégie, vit une renaissance économique. D'ici 2020, il se sera créé 1200 emplois sur son territoire, lequel aura accueilli des investissements de près de 500 millions.

Pas peu fier, le maire Claude Haineault a étalé ces chiffres lors de son passage en commission parlementaire à la mi-août à l'occasion des consultations sur le projet de loi 85 créant les pôles logistiques et le corridor de développement économique le long de l'autoroute 30.

Il s'agit de tout un revirement pour la ville de 13 000 habitants. Au cours des décennies 1990 et 2000, Beauharnois avait perdu plus de 1000 emplois directs avec la fermeture de l'aluminerie Rio Tinto Alcan et de plusieurs autres entreprises, Chromasco, Elkem et Domtar.

En réaction au cataclysme économique qui s'abattait sur la ville, les autorités municipales ont profité du prolongement de l'autoroute 30 en 2012 pour passer à l'offensive. L'hôtel de ville a adopté le plan de développement industriel-commercial-résidentiel Beauharnois 20/20.

Concrètement, elle a récupéré l'ancienne aluminerie, elle a négocié le déménagement de la gare de triage ferroviaire, située au centre-ville, vers le parc industriel et elle a emprunté 30 millions pour acheter 15 millions de pieds carrés de terrains en zone blanche d'Hydro-Québec dans le but d'aménager un nouveau parc industriel autoroutier.

La société d'État détient 2800 hectares dans la Municipalité régionale de comté de Beauharnois-Salaberry où elle exploite la centrale hydroélectrique au fil de l'eau de Beauharnois. Environ 85 % de ses possessions servent à l'exploitation sécuritaire de la centrale.

« ON NÉGOCIE AVEC DES GOOGLE ET DES AMAZON »

Une fois le parc industriel devenu réalité, les entreprises sont apparues. Le détaillant IKEA, comme on sait, a choisi Beauharnois pour son centre de distribution de l'est du Canada. Il était auparavant à Brossard. Le maire Haineault parle de 220 millions en investissement et de la création de 200 emplois à terme. Le centre, dont la construction a commencé, devrait ouvrir dans 18 mois.

D'autres bonnes nouvelles pourraient suivre. « On négocie avec des Google et des Amazon de ce monde qui voudraient venir s'installer parce qu'ils consomment beaucoup d'énergie et qu'ils ont besoin d'être proches de la centrale », a confié M. Haineault aux membres de la Commission parlementaire de l'aménagement du territoire. Beauharnois accueille déjà dans l'ancienne aluminerie OVH.com, un hébergeur de serveurs informatiques.

D'ici 2020, la Ville aura recouvré au complet son investissement de 30 millions grâce à la revente de terrains industriels. Elle se servira de cet argent pour acquérir d'autres terrains zonés blancs appartenant à Hydro-Québec pour poursuivre son développement.

« Il y a deux semaines, j'ai appris que j'avais 12 millions de pieds carrés de terrains d'Hydro-Québec en zone blanche vendables demain matin », a dit M. Haineault aux parlementaires. Les négociations entre la Ville et HQ se poursuivent.

Hydro-Québec possède 417 hectares (environ 45 millions de pieds carrés) en zone blanche sur le territoire de Beauharnois. Les besoins de la Ville sont de l'ordre de 150 hectares (environ 16 millions de pieds carrés), a indiqué M. Haineault.

Photo David Boily, La Presse

Le détaillant IKEA a choisi Beauharnois pour son centre de distribution de l'est du Canada, qui était auparavant à Brossard. Le centre, dont la construction a commencé, devrait ouvrir dans 18 mois.