La grève des 175 000 ouvriers de la construction ayant paralysé les chantiers de la province pendant près d'une semaine en mai est venue freiner l'élan de l'économie québécoise, qui s'est repliée au cours de cette période.

Après six gains mensuels consécutifs, le produit intérieur brut (PIB) du Québec s'est replié de 0,4 % en mai, a indiqué mardi l'Institut de la statistique du Québec.

«Il fallait s'attendre à un repli mensuel de l'activité à la suite de la longue séquence positive des derniers mois», écrit l'économiste principale au Mouvement Desjardins, Hélène Bégin, dans une note envoyée par courriel.

Toutefois, même en excluant le secteur de la construction, l'économie québécoise a tourné au ralenti en mai, souligne-t-elle, ajoutant que cela démontrait un «manque de vigueur temporaire».

La performance du PIB québécois au cours de cette période s'est avérée inférieure à la croissance de 0,6 % réalisée par l'économie canadienne dans son ensemble, affirme aussi l'ISQ.

La production économique du secteur de la construction a été évaluée à 19,1 millions $, en recul de 6,8 % par rapport au mois d'avril. Cela a fait fléchir de 1,8 % l'activité des industries productrices de biens.

Québec avait mis fin à la grève des ouvriers en adoptant une loi spéciale forçant leur retour au travail. Le gouvernement avait alors donné à l'Alliance syndicale et aux parties patronales cinq mois pour conclure une entente quant au renouvellement des conventions collectives.

«Le secteur de la construction devrait rebondir en juin avec le retour à la normale, ce qui permettra sans doute au PIB réel de renouer avec la croissance», croit Mme Bégin.

Bien qu'une entente soit intervenue dans la construction en juillet, elle ne concernait que le secteur du génie civil et voirie et seulement pour les clauses générales de la convention collective. Il ne reste donc aux parties que deux mois pour s'entendre d'ici le 30 octobre.

Plusieurs reculs

Dans son analyse, l'agence statistique québécoise signale des reculs de production dans 11 des 20 grands secteurs de l'activité économique pendant le mois de mai.

En outre, le secteur de l'extraction minière, de l'exploitation en carrière et de l'extraction de pétrole et de gaz a vu sa production décroître de 5,3 %, ce qui n'a pas inquiété l'économiste principal de la Banque Nationale, Marc Pinsonneault.

«Le fort repli de la production minière n'est quant à lui pas inquiétant, car il suit une montée encore plus imposante en avril (+ 8,5 %)», écrit-il dans une note d'analyse.

Sur une note plus positive, le secteur des services a vu son niveau de production progresser de 0,1 % au cours de cette période après avoir affiché une croissance de 0,4 % en avril.

L'ISQ a constaté des augmentations du côté du commerce de gros, des secteurs de la finance et des assurances, de l'enseignement ainsi que de l'administration publique.

En ce qui a trait aux cinq premiers mois de l'année, la croissance du PIB québécois s'est établie à 2,8 %, ce qui est inférieur à la moyenne nationale de 3,2 %.

Malgré le repli de mai, Mme Bégin estime que l'économie québécoise a connu un «excellent début d'année», et ce, même si le deuxième trimestre sera «moins éclatant» que le premier.

«L'économie québécoise demeure sur une tendance favorable et la progression du PIB devrait atteindre 2,5 % en 2017», estime l'économiste principale chez Desjardins.

Elle rappelle cependant qu'il faut faire preuve de prudence, puisque les incertitudes entourant les politiques commerciales du président américain Donald Trump - comme la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain - pourraient venir changer la donne.