Le miracle n'a pas eu lieu. Les syndicats ont finalement déclenché la grève, qui touche tous les secteurs de l'industrie. La nouvelle a été confirmée par communiqué de l'Alliance syndicale mercredi matin à 5h11.

« Devant l'impasse qui persiste dans les négociations, l'Alliance syndicale n'a d'autre choix que de déclencher la grève générale illimitée », a dit son porte-parole Michel Trépanier.

La grève a été déclenchée par les quelque 170 000 membres du milieu de la construction.

Par voie de communiqué, le Conseil du patronat du Québec se dit consterné par la tournure des négociations et déplore que, tout comme en 2013, date de la dernière grève dans le secteur, le Québec, ses citoyens et ses entreprises, se trouvent à nouveau pris en otage.

« La grève était le seul choix qui nous restait. Nous avons négocié jusqu'à la dernière seconde afin de tenter d'en venir à une entente. D'ailleurs, nous avons accepté à plusieurs reprises de collaborer avec la conciliatrice afin d'accepter un règlement qui évite un conflit. Malheureusement, les employeurs se sont entêtés à conserver leurs demandes déraisonnables et n'ont pas voulu accepter les propositions de la conciliatrice. »

En marge de sa mission économique en Israël, le premier ministre Philippe Couillard a confirmé son intention d'adopter une loi spéciale si des progrès ne sont pas réalisés « rapidement » à la table de négociations. Le maire de Montréal, Denis Coderre, espère voir une fin rapide à la grève et n'hésitera pas à demander au gouvernement d'intervenir au besoin.

C'est la deuxième grève générale illimitée dans l'industrie de la construction en quatre ans.

Les parties ont négocié jusqu'après minuit. Dans certains cas, elles ont négocié jusqu'à 5h du matin, alors que la grève a débuté à 5h15. Des piquets de grève seront installés à l'entrée de plusieurs chantiers et les travailleurs sont invités à se mobiliser pacifiquement.

Les principaux points en litige varient selon le sous-secteur de l'industrie : les salaires, les horaires, les heures supplémentaires, la mobilité de la main-d'oeuvre, la conciliation travail-famille.

Les syndicats ont fait une grande campagne sur la volonté de plusieurs employeurs de pouvoir reprendre le travail qu'ils n'ont pu faire à cause du mauvais temps en payant les ouvriers à taux simple.

L'Association de la construction du Québec assure pourtant avoir laissé tomber certaines de ses demandes patronales durant les dernières heures. Mais les parties n'en sont quand même pas venues à une entente.

La question de la mobilité de la main-d'oeuvre est particulièrement sensible dans les régions, où les ouvriers en chômage veulent avoir un accès prioritaire aux emplois dans les chantiers de leur région, alors que les entrepreneurs qui décrochent ces contrats dans des régions autres que la leur veulent également pouvoir faire appel à leurs ouvriers d'expérience avec lesquels ils sont habitués à travailler.

L'Alliance syndicale regroupe les cinq organisations syndicales de la construction, à savoir la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), le Syndicat québécois de la construction, la CSD-Construction et la CSN-Construction.

L'Alliance syndicale rappelle qu'il est important que toutes ces actions se fassent dans le calme et le respect. La Commission de la construction du Québec (CCQ) rappelle les recours possibles en cas de situations de menace, d'entrave ou d'intimidation.

Face à elle se trouvent quatre associations patronales : l'Association des entrepreneurs en construction, qui négocie les clauses communes à l'ensemble, l'Association de la construction du Québec, qui négocie pour les secteurs institutionnel, commercial et industriel, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux, qui négocie pour le secteur du génie civil et voirie et l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, qui négocie pour le secteur résidentiel.

- Avec La Presse Canadienne