Le ministre québécois des Finances, Carlos Leitão, demande carrément au conseil d'administration de Bombardier de revoir sa politique de rémunération de ses hauts dirigeants. Le premier ministre a lui aussi appelé les patrons de Bombardier à réévaluer leur décision.

De passage à Montréal vendredi, alors qu'il prononçait sa traditionnelle allocution d'après-présentation du budget devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le ministre Leitão n'avait pas l'air d'apprécier la situation, alors qu'il devait commenter une hausse de la rémunération globale des hauts dirigeants de Bombardier qui passe mal dans la population.

«Moi, ce que j'ai dit, c'est que j'invite le conseil d'administration à revoir sa politique de rémunération», a-t-il affirmé.

Cette augmentation a suscité un vent de critiques, particulièrement dans le contexte où le constructeur d'avions a reçu de l'aide des gouvernements fédéral et provincial et a également procédé à des milliers de mises à pied.

Le premier ministre Philippe Couillard, après avoir évité toute critique la veille, a cette fois appelé les patrons de Bombardier à réévaluer leur décision.

«Les dirigeants de Bombardier sont des Québécois comme nous et ils entendent ce que disent les Québécois. Alors je pense qu'ils vont certainement être capables d'avoir au moins une réflexion sur la question», a dit M. Couillard.La ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, Dominique Anglade a pour sa part dit: «Force est de constater que la décision qui est prise choque la population. Et avec raison», s'est-elle exclamée.

Elle a ensuite invité l'entreprise à faire un examen de conscience. «J'invite l'entreprise à réfléchir à quel geste elle souhaite poser pour réellement répondre à la réaction qu'elle a créée dans la population, et pas juste au niveau de la population, au niveau de l'ensemble des élus», a-t-elle lancé.

«J'invite l'entreprise à poser un geste qui reflète la situation actuelle, qui témoigne de la compréhension de l'enjeu qui a été créé», a-t-elle ajouté.

Interrogée à savoir quel devrait être ce geste que l'entreprise aéronautique devrait poser, la ministre Anglade n'a pas voulu s'avancer. «J'invite l'entreprise à y réfléchir et à nous dire, elle, ce qu'elle voit, parce qu'elle a une réponse à donner là-dessus», a-t-elle dit.

La ministre de l'Économie a assuré que malgré la grogne généralisée, elle ne doutait toujours pas de la pertinence d'avoir accordé 1,3 milliard CAN à l'entreprise.

«On ne remet pas du tout en cause le 1,3 milliard, qui était nécessaire pour le secteur de l'aérospatiale, pour les 40 000 emplois directs que nous avons ici», a-t-elle soutenu.

- Avec l'Agence France-Presse