La donne économique est en train de changer en Amérique du Nord sous la présidence de Donald Trump. Le chef du Parti québécois veut y répondre par un « nationalisme économique québécois moderne, robuste et ouvert ».

Il s'agit d'un mélange d'achat local, de protection de sièges sociaux stratégiques, d'incitatifs à l'exportation et de mesures d'aide à la petite et moyenne entreprise (PME). Le parlementaire formule de plus ses exigences en cas de renégociation de l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Le chef de l'opposition officielle à Québec prenait la parole devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) jeudi midi.

« Autour de nous, sur ce continent, il n'y a pas que des enfants de choeur. Il va falloir montrer du muscle, défendre nos emplois, nos parts de marché pied à pied dans les années qui viennent. Il nous appartient de réinventer le nationalisme économique québécois », a-t-il déclaré à son auditoire.

Dans son allocution, le député de Rosemont a repris les mesures mises de l'avant lors du dernier Conseil national du PQ, notamment touchant le rôle qu'il entend faire jouer à la Caisse de dépôt dans la sauvegarde des sièges sociaux au Québec. Son projet de « Buy Québécois Act » est revenu dans son discours.

M. Lisée a aussi précisé sa stratégie Priorité PME dans laquelle il s'engage à réduire la paperasserie pour les petites entreprises. Il veut notamment mettre fin « à la culture du racket à Revenu Québec », qu'a dénoncée le Protecteur du citoyen.

AIDE À L'EXPORTATION

Un élément plus nouveau portait sur les mesures d'aide à l'exportation. Un futur gouvernement du Parti québécois accorderait ainsi un congé d'impôt sur les ventes faites à l'étranger, « une incitation à exporter davantage à coût nul pour l'État », a-t-il souligné.

Le chef de parti veut offrir à ce qu'il appelle les « primo-exportateurs » des places gratuites dans les bureaux d'Expansion Québec un peu partout dans le monde.

« Que des politiciens présentement tiennent compte de ce qui se passe au sud de la frontière et veuillent ajuster comment [on] va aider nos entreprises à croître et à exporter, je trouve ça rafraîchissant », a dit Michel Leblanc, président de la CCMM, quand on lui a demandé de commenter le programme de M. Lisée.

« Sur le plancher des vaches aux États-Unis présentement, tout nous est favorable, a poursuivi M. Leblanc. Le taux de change est en notre faveur. L'économie américaine est très forte. Les taux d'utilisation des capacités de production sont très forts. Une entreprise du Québec devrait aller voir ses clients aux États-Unis, devrait aller voir le marché américain, devrait tenter de conclure des ententes. À l'avenir, on verra comment les déclarations de M. Trump se traduiront en politiques approuvées par le Congrès. »

L'AVENIR DE JEAN COUTU

Le chef du PQ ne s'inquiète pas des propos tenus par la famille Coutu plus tôt cette semaine, qui remet en question la poursuite de ses affaires au Québec en raison des politiques du ministre Gaétan Barrette touchant les pharmacies. « Jean Coutu est trop ancré au Québec pour envisager d'accepter une offre d'achat extérieure, avance M. Lisée. Ce que je crois, cependant, c'est qu'il y a des investissements qui ne se font pas dans toute la chaîne pharmaceutique parce que le Dr Barrette crée des incertitudes constantes sur les variables économiques de l'écosystème pharmaceutique au Québec depuis trois ans. »

L'ANGLAIS AU CÉGEP

Dans son discours, le chef du PQ s'est désolé du nombre de jeunes diplômés non francophones qui quittent la province chaque année en raison de leur méconnaissance du français. Il veut s'assurer à l'avenir que les diplômés des cégeps et universités de langue anglaise soient bilingues à la sortie de leurs études. Dans la foulée, il veut offrir « un parcours enrichi en anglais » aux élèves des cégeps francophones.

RAPATRIER DES EMPLOIS

À l'instar de Donald Trump, M. Lisée veut rapatrier des activités manufacturières au Québec. « Nous créerons un service-conseil de rapatriement du manufacturier. On ciblera des entreprises auxquelles on offrira gratuitement un devis et, si elles l'utilisent, elles nous rembourseront à même les économies générées. » Dans le même ordre d'idées, les aides financières accordées aux entreprises, comme le milliard à Bombardier, deviendront remboursables en cas de délocalisation des emplois.

ALENA

Touchant la réouverture de l'Accord de libre-échange nord-américain, Jean-François Lisée soutient que le Québec doit préparer sa liste de demandes. « J'ai entendu Dominique Anglade dire que dans la nouvelle négo, on n'avait rien à demander. Ce n'est pas une bonne façon d'aborder une négociation. » La sienne : abolir l'article chapitre 6 qui permet aux entreprises de poursuivre un État et inclure le bois d'oeuvre dans le traité.