L'industrie de la construction connaîtra une cinquième année consécutive de baisse de volume en 2017 et la tendance se poursuivra au moins jusqu'en 2020. De grands chantiers de construction se terminent cette année comme ceux de la Cimenterie McInnis en Gaspésie ou le CHUM à Montréal sans nécessairement être remplacés.

La baisse du nombre des heures travaillées sera modérée à 1,9% par jour ouvrable, prévoit la Commission de construction du Québec qui a publié mercredi ses prévisions de l'activité dans l'industrie de la construction. Ce nombre s'établira à 135,5 millions d'heures en 2017. En 2016, qui comptait 5 jours ouvrables de plus, le volume se chiffrait à 141,1 millions d'heures.  Le sommet des dernières années a été atteint en 2012 avec 165,5 millions d'heures.

«Ça baisse depuis 2012, le point de bascule, explique au téléphone Diane Lemieux, PDG de la CCQ.  Les premières années de baisses, on est allé jusqu'à 5,3 % en moins. Cette année, la baisse sera un moins de 2 %, une baisse qui témoigne d'une certaine stabilité, croit-elle. On demeure près de la moyenne des 10 dernières années. »

À l'Association de la construction du Québec (ACQ), on trouve les prévisions de la CCQ réalistes, mais néanmoins optimistes. L'an dernier, l'organisme paritaire prévoyait 143,4 millions d'heures, ce fut finalement 141,1 millions. «On s'attend à ce que le même scénario se répète cette année»,  dit Jean-Philippe Cliche, économiste de l'ACQ.

Quoi qu'il en soit, l'industrie de la construction poursuit son cycle baissier, se désole M. Cliche, qui ne voit pas de retournement de tendance avant 2020. La CCQ prévoit la même chose en raison de la diminution de nouveaux ménages et des délais requis pour lancer un chantier d'envergure.  

«Des entreprises vont fermer et des emplois seront perdus », avertit M. Cliche. Une règle de trois évalue que pour chaque million d'heures travaillées; il se crée 1000 emplois. En vertu de cette règle, il se serait perdu l'équivalent de 30 000 emplois depuis 2012. Dans les faits, les pertes sont moindres parce que les ouvriers travaillent moins d'heures chacun.

Année pénible dans l'industriel

Des hausses sont prévues dans le secteur du génie civil et de voirie avec les chantiers du pont Champlain et de l'échangeur Turcot. Des postes et des lignes électriques (ligne de transport d'électricité Chamouchouane-Bout-de-l'Île) ont aussi un rôle.

Des réductions sont toutefois prévues dans le secteur industriel avec la fin de la construction de la cimenterie de la Gaspésie. Le niveau de 9,5 millions d'heures travaillées deviendrait le deuxième plus faible dans ce secteur depuis 1994. «L'industriel est beaucoup lié à la question du prix des ressources naturelles. Les prix ont remonté en 2016, mais pas suffisamment pour renverser la tendance», explique Mme Lemieux.

Le résidentiel et l'institutionnel et commercial connaîtraient eux aussi une baisse, de 6,8% et de 1,2% respectivement.

Au plan géographique, trois régions renoueront avec la croissance cette année soit l'Abitibi (+11,9% grâce à la nouvelle usine Scrimtec à Val-d'Or), l'Estrie (+2,1%) et le Saguenay-Lac-Saint-Jean (+1,1%).

Le Grand Montréal, qui avait connu la croissance en 2016, connaîtra une baisse modérée de 1 à 3 % en 2017.

Malgré un volume d'ouvrage en recul, l'industrie embauchera de 7000 à 8000 travailleurs au cours des 12 prochains mois pour remplacer les départs à la retraite et autres départs volontaires.