La campagne pour obtenir un salaire minimum à 15 $ au Québec vient de franchir une autre étape, avec le lancement, vendredi, de 10 journées d'actions dans toutes les régions pour sensibiliser la population, les employeurs et le gouvernement à cette cause.

Et pour illustrer l'idée que le salaire minimum actuel de 10,75 $ l'heure équivaut à travailler « pour des pinottes », des sacs d'arachides devaient être déposés devant les bureaux du premier ministre Couillard à Montréal et devant les bureaux de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

Cette organisation patronale, qui représente des petites et moyennes entreprises, s'oppose farouchement à un tel rehaussement du salaire minimum, y voyant une véritable « catastrophe » pour certaines PME.

« Le premier mythe qui est à abolir dans l'argumentaire contre le salaire minimum à 15 $, c'est quand on nous répète à satiété que le meilleur antidote contre la pauvreté, c'est d'avoir un travail. C'est complètement faux ; la restructuration du marché du travail au cours des deux dernières décennies a fait en sorte qu'on a vu croître les ''working poors'', ces gens qui travaillent et qui ne reçoivent pas un revenu suffisant pour leur permettre de vivre dans la dignité et le respect », a lancé François Vaudreuil, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).

En plus de prendre diverses formes au cours des 10 prochaines journées, cette campagne pour le salaire minimum à 15 $ se déploiera dans toutes les régions du Québec. Une table ronde est prévue à Québec, un forum de discussions à Sherbrooke, un rassemblement devant le Walmart de Gatineau et d'autres.

Le tout culminera par une grande manifestation qui doit avoir lieu le samedi 15 octobre à Montréal.

La coalition 5-10-15, qui fait partie de ce vaste mouvement, réunit la CSN, la CSD, la CSQ, le Front de défense des non-syndiqués et le Collectif pour un Québec sans pauvreté.

La coalition revendique non seulement que le salaire minimum soit haussé à 15 $ l'heure le plus rapidement possible, mais également le droit de disposer de 10 congés payés par année pour cause de maladie ou pour remplir des obligations familiales. Elle réclame également le droit de connaître son horaire de travail au moins cinq jours à l'avance.

Jusqu'ici, le gouvernement s'est montré ouvert au débat, dans son discours et dans ses réponses aux questions des médias, mais lorsque l'opposition péquiste a voulu tenir un débat sur la question en commission parlementaire, récemment, sa motion a été battue en brèche par les députés libéraux.

Le 22 août, le premier ministre Philippe Couillard s'était dit ouvert à discuter de la question, mais à condition que tous les points de vue soient entendus, incluant ceux des opposants.

Le gouvernement semble de plus en plus vouloir inclure cette question du salaire minimum dans un plus vaste débat sur l'établissement d'un revenu minimum garanti - une tâche qui a déjà été confiée au ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais.

Pour le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, cela n'augure rien de bon. « Nous, on n'est pas d'accord avec ça, parce que le revenu minimum garanti, c'est la déconstruction de notre filet de protection sociale au Québec. On abolit des mesures sociales et on donne un revenu minimum à tout le monde. Et connaissant les libéraux, s'ils vont vers un revenu minimum garanti, ça va être minimum, minimum, minimum », a-t-il objecté.