Les entreprises manufacturières ne semblent pas être au courant des ressources financières à leur disposition pour accélérer leur modernisation, estime le gouvernement Couillard, qui lance une tournée régionale afin de les sensibiliser.

Annoncée lundi à Longueuil dans les locaux de l'entreprise Varitron, l'initiative regroupe Investissement Québec, des représentants gouvernementaux, de Manufacturier et exportateurs du Québec (MEQ) ainsi que d'autres partenaires, qui, du 28 octobre au 17 février, visiteront l'ensemble des régions de la province.

« Sur le terrain, parfois, les entrepreneurs ne sont pas assez au courant des dernières initiatives et outils à leur disposition », a souligné le premier ministre Philippe Couillard, au cours d'une conférence de presse à laquelle participaient également la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, la ministre responsable des Petites et Moyennes Entreprises, Lise Thériault, ainsi que des partenaires de la tournée.

Québec et les intervenants du milieu veulent faire comprendre aux entreprises manufacturières qu'elles peuvent compter sur une enveloppe de 700 millions de dollars sur trois ans, dont 500 millions d'argent neuf, afin d'investir dans la modernisation et la robotisation de leurs installations pour accroître leur compétitivité. Déjà, une quarantaine de millions de dollars ont été engagés.

Pour le président de MEQ, Éric Tétrault, la province accuse un retard industriel d'au moins 25 ans par rapport à l'Ontario et d'autres pays dans le monde au chapitre de la modernisation de ses entreprises.

« Il s'agit de prendre un paquet de petites compagnies pour en faire de moyennes entreprises qui auront la taille nécessaire pour attaquer les marchés à l'extérieur, a-t-il expliqué au cours d'un entretien. Il faut créer une classe moyenne d'entrepreneurs. Dans le créneau des entreprises de 100 à 200 employés, c'est là que le Québec est absent. »

Avec quelque 10 000 entreprises et près de 450 000 travailleurs, le secteur manufacturier représente 14 % du produit intérieur brut (PIB) de la province, ce qui constitue un recul marqué par rapport à 21 % en 2000.

Selon M. Tétrault, la tournée vise à casser une culture dans laquelle les entrepreneurs affirmaient qu'il n'y avait pas d'argent et que le gouvernement estimait que ces derniers n'étaient pas intéressés à investir.

« C'est vrai que l'argent n'a pas toujours été au rendez-vous, a-t-il dit. Maintenant, il y en a et il faut avoir des projets. »

Varitron, qui offre un bouquet de services de fabrication électronique et qui se spécialise également dans la production d'unités de communication, espère servir d'exemple et inspirer d'autres entreprises à se trouver des partenaires pour passer à l'étape suivante.

L'entreprise, qui a vu le jour en 1991, compte 350 employés et exploite trois usines, dont deux au Québec (Longueuil et Granby) et une à Hudson, dans l'État américain du New Hampshire.

« Je suis arrivé il y a huit ans, nous sommes allés voir des partenaires avec un plan pour investir dans l'automatisation, raconte son chef de la direction, Martial Vincent, au cours d'une entrevue. Notre chiffre d'affaires est passé de 15 millions à 85 millions de dollars. »

Au fil du temps, l'entreprise a vu Investissement Québec lui octroyer un prêt en plus d'investir dans son capital-actions afin de l'épauler dans sa croissance.

M. Vincent comprend que certains propriétaires de petites entreprises peuvent se montrer réticents à investir leur patrimoine, ce qui justifie une tournée régionale pour les sensibiliser.

« Il y a beaucoup de bonnes entreprises de petite taille au Québec qui ne passeront peut-être pas le cycle de la prochaine génération, explique-t-il. C'est là qu'un partenaire peut aider. Il faut aller les chercher. »

Au terme des consultations, Québec tiendra un forum manufacturier national au printemps prochain, un événement qui pourrait se tenir chaque année.