Le Québec a dépensé 1 milliard de dollars depuis 10 ans pour aider les entreprises à consommer moins d'énergie. Ces efforts n'ont à peu près rien donné, conclut une étude réalisée par la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal.

0,5 %

Les programmes d'efficacité énergétique d'Hydro-Québec, de Gaz Métro et du Bureau de l'efficacité énergétique ont permis de réduire la consommation d'énergie des entreprises, mais très marginalement. Ces économies d'énergie représentent seulement 0,5 % de l'énergie consommée au Québec.

CIBLES RATÉES

Le Québec n'a pas atteint les objectifs d'efficacité énergétique qu'il s'était fixés dans sa Stratégie énergétique 2006-2015, et ce, pour toutes les formes d'énergie à l'exception du gaz naturel. Hydro-Québec, qui se vante souvent de ses succès en matière d'efficacité énergétique, a atteint 85 % de la cible. La pire performance revient au secteur pétrolier, avec 11 % de la cible.

LES TRANSPORTS OUBLIÉS

Même si transport commercial est considéré comme une priorité pour la réduction des gaz à effet de serre, c'est aussi le grand oublié des programmes d'efficacité énergétique. « Les programmes d'Hydro-Québec et de Gaz Métro s'adressent à leurs clients, mais personne n'aide le secteur des transports », déplore Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie.

CONFLIT D'INTÉRÊTS

C'est difficile pour une entreprise qui vend de l'électricité ou du gaz naturel de faire la promotion de moyens pour en faire économiser à ses clients. Ce conflit d'intérêts explique en partie les piètres résultats des efforts d'efficacité énergétique, selon l'auteur de l'étude. « Les programmes d'efficacité énergétique ne devraient pas être sous la responsabilité de ceux qui vendent de l'énergie », dit-il. Le gouvernement québécois, qui tire une bonne partie de ses revenus de la vente d'électricité et de produits pétroliers, n'est pas non plus dans la meilleure position pour réduire la consommation d'énergie.

MANQUE DE COORDINATION

L'échec des efforts en efficacité énergétique s'explique aussi par le manque de coordination entre les ministères et les distributeurs d'énergie, relève l'étude. La création d'un nouvel organisme, Transition énergétique Québec (TEQ), pourrait contribuer à améliorer l'efficacité des programmes. Mais aucune interaction n'est prévue entre le TEQ et deux acteurs importants, le Fonds vert et le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports, souligne l'étude. « Si le TEQ n'a pas le soutien de ce ministère, c'est peine perdue », estime Pierre-Olivier Pineau.