Même si la direction d'Amaya a annoncé hier qu'elle coupait de façon officielle et définitive ses liens avec David Baazov, le fondateur et principal actionnaire individuel de l'entreprise de Pointe-Claire n'a pas dit son dernier mot.

« David continue de s'impliquer dans le processus stratégique actuellement en cours chez Amaya », a indiqué à La Presse Affaires le porte-parole de David Baazov, Ian Robertson.

Au début du mois de février, alors qu'il était toujours PDG et président du conseil d'administration d'Amaya, David Baazov avait fait connaître son intention de présenter une proposition visant à acquérir la compagnie qui exploite le site PokerStars à un prix de 21 $ par action.

À la fin mars toutefois, la compagnie avait indiqué que David Baazov prenait un congé rémunéré d'une durée indéterminée pour répondre aux allégations de délits d'initié formulées à son endroit et ainsi éviter de devenir une distraction. Amaya a depuis révélé être en discussions avec un « certain nombre de parties » dans le cadre d'un examen de solutions de rechange stratégiques.

David Baazov fait face à cinq chefs d'accusation pour délits d'initié. L'Autorité des marchés financiers (AMF) l'accuse notamment d'avoir facilité des opérations alors qu'il était en possession d'information privilégiée, d'avoir influé ou tenté d'influer sur le cours des titres d'Amaya et d'avoir communiqué de l'information privilégiée.

Amaya permettait à David Baazov depuis la fin mars de continuer d'utiliser les bureaux du siège social de Pointe-Claire ainsi que d'autres bureaux d'Amaya ailleurs dans le monde pendant son « congé temporaire ». Ce « privilège » lui a maintenant été retiré.

« David n'est plus un employé et il n'aura pas de bureau dans la compagnie », a déclaré à La Presse Affaires le vice-président aux communications chez Amaya, Eric Hollreiser.

Rafi Ashkenazi, qui assurait l'intérim de David Baazov depuis le printemps, devient le nouveau PDG d'Amaya de façon permanente.

« Personne ne s'attendait à ce que David Baazov retrouve son poste. C'était attendu que lui ou une autre personne allait prendre le poste de façon permanente. Tu ne peux pas faire rouler une entreprise pendant plusieurs années avec un PDG par intérim », commente Maher Yaghi, chez Valeurs mobilières Desjardins.

« Rafi Ashkenazi a beaucoup d'expérience, mais on n'a pas encore beaucoup d'historique pour l'évaluer », ajoute cet analyste.

Âgé de 41 ans, Rafi Ashkenazi travaille chez Amaya depuis trois ans et dirigeait le Rational Group, l'entité qui exploite PokerStars. Cet ancien haut dirigeant de l'entreprise britannique de jeu en ligne Playtech ne déménagera pas à Montréal pour travailler quotidiennement auprès des quelque 40 employés du siège social de Pointe-Claire. Eric Hollreiser confirme qu'il va plutôt continuer de travailler à partir du siège de PokerStars à l'île de Man, un archipel britannique situé dans la mer d'Irlande.

Il n'a pas été possible de parler à Rafi Ashkenazi hier.

David Baazov demeure le plus important actionnaire individuel d'Amaya avec un peu moins de 20 % des actions en circulation, une participation évaluée à un demi-milliard de dollars.

Les accusations portées en mars contre David Baazov découlent de l'enquête pour délits d'initié lancée par l'AMF dans la foulée de l'acquisition de PokerStars par Amaya il y a deux ans, une transaction évaluée à 5 milliards.

Amaya a par ailleurs dévoilé hier les résultats du deuxième trimestre de son exercice financier. La performance a surpassé les attentes des analystes.

L'action d'Amaya a clôturé la séance boursière d'hier à Toronto en recul de 1,09 %, à 20,94 $.

PHOTO FOURNIE PAR AMAYA

Rafi Ashkenazi

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

David Baazov