L'été est radieux à Montréal, et ce n'est pas seulement la météo qui est au beau fixe. Les touristes sont au rendez-vous. Les hôtels sont pleins comme jamais depuis 35 ans et l'emploi dans le secteur touristique au Québec croît plus rapidement qu'ailleurs au Canada.

Des hôtels remplis comme jamais

Juillet a été excellent pour les hôtels de Montréal, après un recul inattendu en juin. Au net, après les sept premiers mois de l'année, la ville connaît sa meilleure année au chapitre du taux d'occupation des établissements hôteliers depuis les années 80, soutient un consultant de l'industrie de l'hébergement.

Une année qui remplit ses promesses

Depuis le début de 2016, le taux d'occupation des hôtels au centre-ville s'élève à 72,5 % - un résultat que l'on n'a pas vu depuis des lustres. Il s'explique par la hausse des nuitées stimulée par le taux de change et la popularité grandissante du tourisme urbain, explique Gilles Larivière, président de Horwath HTL à Montréal, une firme de consultants au service de l'industrie hôtelière.

Selon lui, il ne faut pas sous-estimer non plus l'impact sur l'occupation de l'offre de chambres, qui a diminué de 2000 unités depuis 2012. Plusieurs établissements d'envergure, comme le Delta, sur le boulevard Robert-Bourassa, ont changé de vocation pour devenir bien souvent des résidences universitaires.

Taux d'occupation des hôtels du centre-ville, janvier à juillet

• 2016 72,5 %

• 2015 70,8 %

• 2014 68,7 %

• 2013 65 %

• 2012 64,3 %

Source : AHGM (Association des hôtels du Grand Montréal)

Hausse des tarifs de 14 % en juillet

Les festivals se sont succédé en juillet et les hôteliers n'ont eu aucun répit. Le taux d'occupation a atteint 87,4 % pour les 10 195 chambres du centre-ville. Signe du réchauffement indéniable du marché : le tarif moyen s'est raffermi pour s'établir à 205,23 $, en hausse de 14 % par rapport au tarif moyen de 179,67 $ enregistré en juillet 2015. La fermeture du Reine Élizabeth, effective depuis le 16 juin, a certes contribué aux bons résultats en retirant du coup près de 1000 chambres de l'inventaire du centre-ville.

Recul inattendu en juin

Curieusement, le mois de juin a été moins bon cette année qu'en 2015 sur le plan de l'occupation, le taux ayant reculé de 5 points de pourcentage en un an. Selon l'Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM), une série de raisons techniques expliqueraient la situation. Les bons résultats qui ont suivi en juillet semblent donner raison à l'association.

Tout d'abord, juin 2015 avait été exceptionnel, avec un bon Grand Prix de la F1 et la tenue de la Coupe du monde de soccer féminin de la FIFA, explique Ève Paré, PDG de l'association. Cette année, juin a connu deux semaines de quatre jours, puisque les jours fériés du 24 juin et du 1er juillet tombaient un vendredi. Il y a habituellement moins de nuitées d'affaires lors des semaines courtes, souligne-t-elle. Ensuite, le Grand Prix de Formule 1 (du 10 au 12 juin) et les FrancoFolies (du 9 au 18 juin) sont tombés la même semaine cette année. Comme les hôtels sont pleins pour le Grand Prix, l'industrie n'a pas profité de la tenue des Francos, contrairement à l'an dernier.

« Bien qu'on ait connu une baisse de 5 points de pourcentage de l'occupation en juin, on a quand même observé une hausse des prix. Cependant, le tarif moyen est plus élevé que l'an dernier. Ça me dit que la performance hôtelière est au rendez-vous. » 

Le Canada au 17e rang des destinations mondiales

Destinations touristiques par excellence en 2015 (en millions de visiteurs)

1. FRANCE 84,5

2. ÉTATS-UNIS 77,5

3. ESPAGNE 68,2

4. CHINE 56,9

5. ITALIE 50,7 

...

17. CANADA 18

SOURCE : ORGANISATION MONDIALE DU TOURISME

Été record pour l'emploi touristique au Québec

Le nombre d'emplois dans l'hôtellerie et la restauration, deux éléments majeurs du tourisme au Québec, a atteint un niveau record en juillet, révèle un examen détaillé fait parLa Presse Affaires des données mensuelles sur le marché du travail publiées vendredi dernier.

Ce nombre sans précédent de 293 100 emplois mesurés en juillet par Statistique Canada, et surtout sa hausse de 7 % - ou 19 500 emplois - sur un an, constitue aussi un autre indice d'un été touristique 2016 particulièrement fort au Québec.

En comparaison, la variation sur un an du nombre d'emplois en hôtellerie et en restauration en juillet dans les deux autres grosses provinces touristiques au Canada, l'Ontario et la Colombie-Britannique, s'avère plutôt modeste, et même négative.

Hausse modéré au Canada

Pour l'ensemble du Canada, le nombre d'emplois dans l'économie touristique a été mesuré en juillet en hausse de 1,4 % sur un an, à 1,22 million d'emplois en tout (temps plein ou partiel combiné).

En Ontario, la hausse sur un an s'affiche à 2,9 % en juillet (total de 455 600 emplois) alors qu'en Colombie-Britannique, c'est plutôt un recul de 2,6 % sur un an qui a été mesuré en juillet (total de 175 400 emplois).

Par ailleurs, de juin à juillet 2016, la variation séquentielle du nombre d'emplois en hôtellerie et en restauration augure aussi d'un été touristique plus prospère au Québec (+ 1,6 % sur un mois) que dans l'ensemble du Canada et en Ontario (stagnation), ainsi qu'en Colombie-Britannique (-1,7 % sur un mois).

10 000 emplois créés en juillet à Montréal

Contrairement au Québec dans son ensemble, où il s'est perdu 4000 emplois en juillet, les données sur le marché du travail ont été bonnes pour Montréal le mois dernier, avec l'ajout de près de 10 000 emplois à temps plein, selon les données publiques compilées par le Service de développement économique de la Ville de Montréal.

Le tourisme et la construction, en particulier, stimulent le marché du travail. Les bienfaits sont visibles sur les statistiques sur le chômage et l'aide sociale. Démonstration en quatre tableaux.

ConstructionLa valeur totale des permis de construction non résidentielle s'établit à 170 millions en juin, une hausse de 33 % par rapport à juin 2015. La construction stimule les bons résultats de l'emploi à Montréal, souligne Chantal Routhier, en pointant le pont Champlain, l'échangeur Turcot et les tours de condos du centre-ville.

ChômageLe taux de chômage a reculé de 11,3 % à 9,7 % en un an à Montréal. Le repli se poursuit pour le cinquième mois consécutif. À 9,7 %, le chômage est à un creux des 12 derniers mois. « Le chômage reste élevé à Montréal, fait remarquer Mme Routhier. Seules la Côte-Nord et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine affichent un taux supérieur. » Le taux provincial est à 7 % en juillet.

EmploiL'emploi croît pour le cinquième mois de suite. En un an, 7500 Montréalais de plus sont au travail, soit près de 1 % de croissance, ce qui est supérieur à la moyenne provinciale. Il s'est créé 9200 emplois à temps plein, 5600 postes à temps partiel ont disparu, pour un gain net de 3600 emplois en juillet. « En 2014, Montréal avait perdu des emplois, dit Chantal Routhier, économiste chez Desjardins. En 2015, la région en avait récupéré beaucoup. La croissance se poursuit ; c'est positif. »

Aide socialeLe nombre de bénéficiaires de l'aide sociale n'a pas été aussi bas à Montréal depuis presque trois ans. À 50 823 bénéficiaires en mai, leur nombre est en baisse de 3,8 % en un an. Le nombre diminue pour le troisième mois consécutif.