La FTQ-Construction, appuyée par sa centrale, la FTQ, lance une campagne pour faire modifier deux importantes législations du travail, celle touchant le recours à des briseurs de grève et celle touchant le droit à la rétroactivité dans l'industrie de la construction.

«La loi anti-briseurs de grève, elle s'applique à tout le monde, sauf à la construction», a déploré en entrevue, mardi, Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction.

Lorsqu'il y a une grève des ouvriers, les entrepreneurs peuvent tout de même continuer leurs activités en demandant une injonction pour garder leur chantier ouvert, puisque la loi anti-scabs ne s'applique pas, a expliqué M. Ouellet. Il déplore le climat de travail qui s'ensuit au chantier, puisque certains ouvriers entrent au travail, de crainte de ne plus être rappelés par l'entrepreneur, et d'autres pas.

«Il y a eu une grève (en 2013) et ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas une autre. Je pense que c'est le temps, justement, que le «timing» est là pour qu'ils puissent changer les lois», a opiné M. Ouellet.

De plus, l'industrie de la construction a une autre particularité en matière de conventions collectives. Lorsqu'une entente intervient entre les associations d'entrepreneurs et les organisations syndicales, les augmentations de salaire qui sont convenues ne sont pas versées rétroactivement à la date d'échéance des conventions, comme c'est le cas dans d'autres industries. Elles ne sont rétroactives qu'à la date de signature de l'entente, a dénoncé M. Ouellet.

«Le dernier coup, c'est une centaine de millions de dollars que les travailleurs ont perdu parce qu'ils n'ont pas de rétro», a critiqué M. Ouellet.

La FTQ-Construction veut donc que la Loi R-20, qui encadre les relations de travail dans l'industrie, soit modifiée pour permettre la rétroactivité à la date d'échéance des conventions collectives.

«On ne demande pas ce que personne n'a. On ne demande pas plus que les autres. On demande juste ce que les autres ont» dans d'autres industries, s'est exclamé M. Ouellet.

Aidée par sa centrale, la FTQ, qui représente plus de 600 000 travailleurs, la FTQ-Construction lance donc une pétition à ce sujet. De plus, elle déploiera un plan d'action jusqu'à l'automne dans l'espoir de convaincre le gouvernement de modifier les législations en conséquence.

M. Ouellet admet qu'il n'a pas parlé de son projet aux autres organisations syndicales de l'industrie, avec lesquelles il aurait pu faire front commun. Il fait valoir que les autres organisations syndicales sont aussi au courant de ces litiges.

«On a déjà parlé de la loi anti-briseurs de grève depuis un bout. On fait ça depuis un bout, mais on n'a pas de contrôle sur les autres organisations syndicales. Alors nous, on le demande. Je ne pense pas qu'on ait à attendre tout le temps. On s'adresse aux travailleurs et je pense que ça touche tous les travailleurs de la construction», a justifié M. Ouellet.

La FTQ-Construction représente 78 000 travailleurs dans l'industrie, soit environ 44 % d'entre eux.