La Ville de Montréal compte suivre « de très près » les travaux urgents qui seront nécessaires pour consolider la structure du club Mount Stephen, où d'importantes fissures sont apparues au cours des derniers mois.

L'ancien club privé, érigé avec faste entre 1880 et 1883 rue Drummond, au centre-ville de Montréal, fait l'objet d'une conversion en hôtel de luxe par le promoteur Tidan. Un nouvel édifice de 12 étages a été construit à l'arrière, tandis que le bâtiment patrimonial doit être rénové et intégré au projet selon des critères de restauration très précis.

Or, comme le révélait The Gazette cette semaine, la somptueuse devanture a commencé à s'affaisser et à se fissurer. Les problèmes structurels sont si sévères que la façade de pierres devra sans doute être démantelée, le temps d'effectuer les travaux de réparation urgents, pour être ensuite reconstruite à l'identique.

« L'arrondissement suit de très près le dossier et effectuera une surveillance accrue des travaux sur la façade au moment où ceux-ci commenceront », a indiqué vendredi Anik de Repentigny, porte-parole de l'arrondissement de Ville-Marie.

Tidan a jusqu'à lundi pour déposer sa demande de permis en vue de démanteler la façade, a précisé la porte-parole. Le promoteur a reçu un avis pour mur dangereux la semaine dernière, et il a été obligé d'installer des poutres de soutènement temporaires ainsi qu'un périmètre de sécurité.

TIDAN SE DÉFEND

Dans une déclaration transmise vendredi après-midi à La Presse Affaires, le promoteur se désole des ratés récents du chantier entamé en 2012. « Comme tous les Montréalais, nous sommes préoccupés des répercussions inattendues que les travaux de forage et de dynamitage ont eues sur une partie de la façade de l'édifice et nous nous engageons à travailler avec les autorités concernées pour corriger la situation de manière efficace et professionnelle », indique le document.

Tidan a acquis le bâtiment patrimonial en 2006 et a continué à l'exploiter comme club privé pendant six ans avant de mettre la clé sous la porte, faute de rentabilité. Le promoteur assure que les travaux ont été exécutés par des professionnels, et que les problèmes de fondation sont « inattendus et accidentels ». « Dès que nous avons constaté le problème, nous avons consulté des experts et mis en place des mesures correctives », avance l'entreprise.

L'arrondissement de Ville-Marie confirme que Tidan a offert jusqu'à présent son entière collaboration.

En parallèle à ces problèmes de structure, Tidan fait l'objet de poursuites de la part du ministère de la Culture et des Communications du Québec pour avoir altéré illégalement divers éléments de l'immeuble patrimonial. Le promoteur a notamment démoli trois cheminées et recouvert certaines pierres extérieures avec des panneaux de béton préfabriqué, indique la poursuite.

Les sérieux ratés entourant le chantier du club Mount Stephen ont fait bondir plusieurs organismes de défense du patrimoine cette semaine, dont Héritage Montréal et la Fiducie nationale du Canada. En plus de son classement au patrimoine québécois, l'ancien club privé est considéré comme un monument historique du Canada et devrait en conséquence bénéficier de la plus haute protection qui soit, martèlent-ils.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

La devanture du club Mount Stephen a commencé à s'affaisser et à se fissurer.

Qui est derrière Tidan ?

Fondée en 1970 par Mike Yuval et Jack Sofer, hommes d'affaires de Westmount et Hampstead, Tidan possède un vaste parc immobilier dans le Grand Montréal ainsi que dans les Maritimes et en Floride. Selon son site web, le groupe détient entre autres 2000 appartements, trois millions de pieds carrés de bâtiments commerciaux et industriels ainsi que cinq hôtels, dont Le Méridien Versailles - Montréal. Tidan possède également le Club de tennis Île des Soeurs, plus grand court couvert au Canada. MM. Yuval et Sofer ont par ailleurs déjà été condamnés par Revenu Canada pour avoir dissimulé plus de 1 million de dollars au fisc par l'entremise de leur société Placements Melcor, révélait La Presse en 2007. Selon les mandats de perquisition consultés à l'époque, les deux hommes d'affaires avaient eu recours à un stratagème de fausse facturation qui leur permettait d'inventer de fausses dépenses.