Le maire de Beauharnois s'inquiète de la volonté du gouvernement du Québec de tout décider en matière d'urbanisme dans les zones industrielles ciblées dans le projet de loi 85 qui crée un corridor de logistique le long de l'A30 en Montérégie Ouest.

« Le gouvernement vient s'ingérer par-dessus la loi de l'aménagement et l'urbanisme, ce qui nous inquiète beaucoup », dit Claude Haineault, maire de Beauharnois, dans un entretien.

Le 4 décembre dernier, le ministre Pierre Moreau a déposé le projet de loi 85 créant deux pôles logistiques à Contrecoeur et aux Cèdres. Le projet de loi définit aussi un corridor logistique de La Prairie à Vaudreuil-Dorion le long de l'autoroute 30. Il propose de dézoner plus de 400 hectares en zone agricole en écartant la Commission de protection du territoire agricole.

De plus, l'article 3 donne le pouvoir au gouvernement de décréter les règles d'urbanisme à l'intérieur des territoires identifiés et celles-ci « ont préséance sur toute disposition inconciliable d'un règlement d'une municipalité. »

Beauharnois a acheté des terrains d'Hydro-Québec il y a quatre ans au sud de l'autoroute 30 pour aménager un parc industriel devant créer 2000 emplois.

« On a investi 30 millions dans le parc industriel, ce n'est pas pour se faire dire par un fonctionnaire ce qu'on va mettre dedans », dit Claude Haineault, maire de Beauharnois.

D'ailleurs, le nouveau parc industriel de la municipalité figure sur les cartes du Ministère comme une zone consacrée à la logistique.

DES CARTES À CORRIGER

D'autres surprises figurent sur les cartes fournies par le ministère des Affaires municipales en complément au projet de loi. Des terrains devant recevoir tantôt du commercial tantôt du résidentiel y apparaissent comme étant des zones industrielles. C'est le cas à Beauharnois, à la hauteur de la sortie 26 de l'autoroute 30. C'est aussi le cas à Candiac, où une zone industrielle est prévue en plein coeur du projet d'aire TOD (Transit-Oriented Development) censée accueillir des secteurs résidentiels de haute densité.

« Cette zone, qui est identifiée industrielle, n'a pas d'affaire là. Pour moi, c'est une erreur que les gens du ministère des Affaires municipales ont faite », a dit le maire Normand Dyotte en assemblée publique le 10 décembre, selon ce qu'a rapporté l'hebdomadaire régional.

« Le conseil de la MRC de Roussillon ne commentera pas avant la tenue des audiences, qui auront lieu dans le cadre de la commission parlementaire sur le PL85 », a-t-on fait savoir à La Presse. La MRC de Roussillon regroupe notamment les villes de Candiac, Châteauguay, Saint-Constant, La Prairie, Delson et Sainte-Catherine.