L'économie québécoise s'est contractée au deuxième trimestre, mais la baisse a été moins prononcée que prévu grâce au rebond surprise du mois de juin, qui a permis de limiter les dégâts.

Sur une base annualisée, le produit intérieur brut (PIB) a fléchi de 0,3 % pour la période de trois mois terminée le 30 juin, période où les importations ont été supérieures aux exportations, a indiqué vendredi l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

«Malgré la baisse (...) il faut se rappeler que l'on avait commencé l'année d'une belle façon avec une croissance de près de 2 %», a observé vendredi l'économiste principale au Mouvement Desjardins, Hélène Bégin.

Au Canada, le PIB avait reculé de 0,5 % au deuxième trimestre.

Dans son rapport, l'ISQ note entre autres que le déficit de la balance commerciale de la province a été de 18,9 milliards au deuxième trimestre, alors qu'il avait été de 17,9 milliards au cours des trois premiers mois de 2015.

La demande intérieure a toutefois affiché une progression de 0,3 % au deuxième trimestre.

Mme Bégin constate également un regain des investissements des entreprises, en hausse de 4,4 %, ce qui met un terme à une tendance négative qui s'est échelonnée sur plus de deux ans, un constat partagé par son collègue à la Banque Nationale, Marc Pinsonneault.

Les dépenses des ménages québécois ont avancé de 0,3 %, alors que celles des biens durables et des administrations publiques ont respectivement grimpé de 1,4 % et 0,2 %.

Il s'agit de la cinquième hausse consécutive des dépenses de consommations des ménages.

Pour sa part, l'économiste en chef adjoint à la Banque Laurentienne, Sébastien Lavoie, estime que l'économie du Québec est en meilleure santé que ne le suggèrent les données de l'ISQ.

Même si la baisse de 4,4 % constatée dans la construction résidentielle pèse sur la croissance économique, cela devrait s'avérer bénéfique à long terme, notamment en raison de l'offre abondante de condos dans les régions de Montréal et Québec.

«En d'autres termes, ce ralentissement devrait permettre d'éviter un ajustement encore plus brutal dans le futur», écrit M. Lavoie.

En dépit de signaux positifs en juin, Mme Bégin prévient toutefois que l'économie du Québec repose sur des «bases fragiles», notamment parce que la croissance des dépenses des ménages n'est pas au rendez-vous.

«Le consommateur est endetté et le taux d'épargne est faible, explique-t-elle. Au niveau des revenus, il n'y a pas beaucoup de croissance au deuxième trimestre.»

De passage à Montréal, le premier ministre Philippe Couillard et le ministre des Finances Carlos Leitao ont minimisé la contraction du PIB au deuxième trimestre, préférant mettre l'accent sur l'augmentation du mois de juin.

En conférence de presse, M. Couillard a affirmé que le Québec «ne faisait pas moins bien que le reste du Canada», ajoutant entre autres que les exportations reprenaient du poil de la bête.

«On apprend également une forte croissance économique (3,9 %) aux États-Unis, ce qui aura nécessairement des impacts chez nous», a dit le premier ministre.

Pour les six premiers mois de l'année, la croissance du PIB réel du Québec été révisée à 1,8 %, alors que le résultat initial faisait état de 1,6 %.

Le ministre Leitao, qui prévoyait une croissance de 2 % du PIB pour l'exercice 2015-2016, a reconnu plus tôt ce mois-ci qu'il allait devoir revoir sa cible à la baisse.

La Banque Laurentienne, la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins tablent respectivement sur des croissances du PIB de 1,3 %, 1,2 % et 1,1 %.