SNC-Lavalin (T.SNC) ne réalisera pas d'acquisition majeure avant d'avoir redressé ses finances, a martelé hier Neil Bruce, l'Écossais qui deviendra PDG de l'entreprise le 5 octobre.

«Nous croyons tous que nous devons connaître du succès à titre de firme d'ingénierie et de construction, et la seule façon de le montrer à tout le monde, c'est de générer de bons résultats de façon constante. C'est pourquoi il s'agit de ma principale priorité. Et nous n'allons pas nous lancer dans une acquisition d'envergure avant que nous puissions démontrer que tout cela est sous contrôle», a déclaré M. Bruce à l'occasion d'une conférence organisée par la Banque CIBC à Montréal.

L'an dernier, la multinationale québécoise a déboursé 2,1 milliards pour mettre la main sur Kentz, spécialiste britannique du domaine des hydrocarbures. Or, l'acquisition, quoique rentable, s'est révélée moins intéressante que prévu avec la chute marquée des cours du pétrole.

En plus de devoir composer avec les scandales de corruption qui l'ébranlent depuis 2012 et qui ne sont toujours pas réglés, SNC fait face à des problèmes récurrents dans l'exécution de contrats importants, ce qui nuit grandement à sa rentabilité.

C'est pour remédier à cette faiblesse que le conseil d'administration a causé la surprise plus tôt cette semaine en annonçant le remplacement de Bob Card, PDG depuis octobre 2012, par Neil Bruce. Employé par l'entreprise depuis janvier 2013, celui-ci a été nommé chef de l'exploitation en avril.

M. Bruce a expliqué hier que le conseil avait choisi de procéder maintenant au changement de la garde, attendu l'an prochain par les analystes, puisque SNC est sur le point d'amorcer sa planification budgétaire pour 2016. Il a assuré que le départ subit de M. Card n'annonçait pas nécessairement de mauvais résultats pour le troisième trimestre, qui prend fin dans deux semaines.

Le futur grand patron a indiqué qu'il ne comptait pas modifier substantiellement la stratégie de SNC-Lavalin, sauf pour accroître la présence de l'entreprise dans le secteur des services-conseils. À l'heure actuelle, 52% du carnet de commandes de SNC est concentré dans les contrats à forfait, qui comprennent les services et les matériaux, contre 33% pour les services seuls.

Neil Bruce a par ailleurs fait part de son intention d'accroître l'efficacité de SNC-Lavalin en augmentant la polyvalence de ses professionnels («70% de ce que nous faisons est identique d'un secteur d'activités à l'autre», a-t-il dit) et les ventes croisées (services complémentaires offerts à un client existant). «Nous faisons moins de 5% de ventes croisées, alors que les bonnes firmes en font pour 20%», a exposé le dirigeant.

M. Bruce a aussi abordé la nécessité de réduire la structure de coûts de SNC, reprenant notamment l'idée de regrouper des services administratifs, déjà évoquée en 2013 par le PDG sortant. Interrogé sur la possibilité de nouvelles suppressions de postes, il est resté vague.

Enfin, Neil Bruce ne s'est pas engagé clairement à poursuivre le processus de vente de la participation de SNC-Lavalin dans l'autoroute 407 en Ontario, qui doit démarrer l'automne prochain.

L'entreprise a d'autre part annoncé hier avoir reçu un contrat d'ExxonMobil pour une nouvelle installation de traitement de pétrole en Irak. Sa valeur n'a pas été divulguée, mais d'après l'analyste Maxim Sytchev, il pourrait s'agir de 500 millions US.

L'action de SNC a gagné 2,7% hier, pour clôturer à 39,32$ à la Bourse de Toronto.