Le gouvernement Couillard entend hausser la TVQ et baisser les impôts, une opération qui pourrait être mise en branle dès l'an prochain.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a confirmé jeudi qu'il veut aller de l'avant rapidement avec les recommandations de la Commission Godbout sur la fiscalité, dont le rapport fait l'objet d'une consultation en commission parlementaire.

La Commission Godbout propose d'augmenter la TVQ d'un point de pourcentage et, en contrepartie, de baisser les impôts d'un montant équivalent, c'est-à-dire environ un milliard de dollars. Elle suggère d'aller plus loin encore : augmenter une série de tarifs et compenser ces hausses par une baisse d'impôt. Au total, il y aurait réduction d'impôt de 4,4 milliards en contrepartie d'une hausse de taxes et de tarifs.

Carlos Leitao a indiqué que le gouvernement a l'intention de baisser les impôts d'abord puis, « quelques mois plus tard », d'augmenter la TVQ afin de financer l'opération. Le ministre a expliqué que cette façon de faire vise à répondre au scepticisme de la population, qui croit que le gouvernement haussera les taxes sans jamais baisser les impôts. M. Leitao vise une augmentation d'un point de pourcentage de la TVQ et donc, une réduction d'impôt d'un milliard.

L'opération serait globalement à coût nul pour les contribuables, comme le dit la Commission Godbout.

Carlos Leitao a soutenu que la réforme fiscale pourrait être mise en branle dès l'an prochain. L'opération s'échelonnerait sur quelques années.

Carlos Leitao exclut de l'équation l'abolition graduelle de la taxe santé que son gouvernement a déjà promis de faire grâce aux surplus budgétaires qui seraient dégagés à compter de 2016-2017. Il y aurait une baisse d'impôt supplémentaire financée par une hausse de la TVQ.

« Mon intention est de mettre en application les réformes proposées par la Commission Godbout », a affirmé M. Leitao. « Ce changement rend notre système plus efficace, plus performant. » Il compte sur les consultations en commission parlementaire pour dégager « un large consensus ». « Une baisse d'impôt sur le revenu accompagnée d'une hausse des taxes à la consommation, c'est la chose la plus logique et efficace à faire. Le Québec a besoin d'une telle réforme, ça nous placerait en avant-garde en Amérique du Nord et nous donnerait un coup de pouce très fort pour la croissance économique. On a besoin d'un tel boost pour pouvoir moderniser notre économie. Il y aura un effort positif sur le PIB », a-t-il plaidé. Selon lui, « la plupart, pas tous, des Québécois sortiraient gagnants d'une telle réforme ». « Et elle est neutre pour l'État. On va chercher les mêmes revenus qu'avant », a ajouté M. Leitao.

Le député péquiste et ex-ministre des Finances, Nicolas Marceau, trouve le gouvernement « très téméraire ». L'opération est « risquée » et nuira à la reprise économique en freinant la consommation. Les dernières augmentations de la TVQ n'ont pas fait croître les revenus de l'État comme prévu, a-t-il dit. Il a ajouté que la hausse de la TVQ aura un impact négatif sur les détaillants qui vivent déjà des difficultés en raison de la concurrence exercée par le commerce électronique. 

Le député caquiste François Bonnardel doute quant à lui que le gouvernement réduise globalement le fardeau fiscal des contribuables.