Conjuguer lutte contre les dérèglements climatiques, essor économique de la francophonie et combat contre la pauvreté aura marqué la première journée de la Conférence de Montréal, lundi.

D'entrée de jeu, Ségolène Royal a lancé que personne n'est désormais à l'abri des changements climatiques. «Le maintien de la situation actuelle coûte de plus en plus cher», a martelé la ministre française de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie.

Or, a-t-elle enchaîné, développer une économie écologique, c'est «exploiter un gisement de prospérité».

À ses yeux, le réalisme économique est devenu indissociable de la lutte contre les changements climatiques. Elle a d'ailleurs salué l'engagement en la matière pris lundi par les chefs de gouvernement du G7.

La France met beaucoup de pression sur les États en vue de faire un succès de la XXIe Conférence des parties, en décembre à Paris, qui cultive des objectifs ambitieux à cet égard.

Michaëlle Jean, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), a présenté l'espace francophone comme «un laboratoire de l'état de la planète» avec ses enjeux économiques et écologiques.

«Les changements climatiques, c'est déjà maintenant, a-t-elle lancé au cours d'un discours livré avec beaucoup d'éloquence. Il faut dépasser les égoïsmes dérisoires face à la menace.»

Parlant d'interdépendance irréversible, elle a indiqué que l'OIF entend s'engager dans cette voie en misant surtout sur les jeunes et les femmes, largement majoritaires dans la plupart des pays francophones.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a précisé que le Québec entend participer à la stratégie économique de la francophonie, notamment avec l'ouverture d'une représentation à Dakar, au Sénégal. Il a aussi vanté les atouts du Québec avec le transport électrique et sa participation à une bourse du carbone avec la Californie et bientôt l'Ontario.

Ottawa n'était pas en reste. Le ministre du Développement international et de la Francophonie, Christian Paradis, a annoncé que le Canada allait verser 10 millions à l'OIF afin de financer un projet pour stimuler l'emploi et l'entrepreneuriat dans l'Afrique subsaharienne francophone. Mme Jean espère convaincre d'autres pays d'en faire autant.

Plusieurs participants ont rapproché la lutte contre les changements climatiques de celle contre la pauvreté.

À commencer par Mme Jean, bien sûr, qui a déploré le sort des migrants qui risquent leur vie pour traverser la Méditerranée. «Nous devons créer des raisons d'espérer pour ces jeunes qui croient qu'il n'y a pas d'avenir pour eux.»

Le projet financé par Ottawa s'inscrit dans cette démarche. Il vise en particulier à stimuler les initiatives d'économie numérique et verte.

Winnie Byanyima, directrice générale d'Oxfam International, a rappelé que les inégalités de revenus ralentissent la croissance durable. Elle promeut l'idée voulant que les entreprises payent leur juste part d'impôts plutôt que d'investir dans des stratégies d'optimisation fiscale. L'argent ainsi versé devrait être dépensé en éducation, en santé et pour le versement de salaires décents.

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et président du conseil de la Banque des règlements internationaux, a soutenu pour sa part que la porte d'entrée des inégalités réside dans l'opposition entre travailleurs et chômeurs.

Fermer cette porte relève avant tout des politiques économiques des gouvernements. «Du point de vue des banquiers centraux, si nous contribuons à une croissance régulière, c'est l'idéal. Nous aurons un niveau élevé d'emploi, ce qui entraînera une réduction des inégalités.»

Jeffrey Immelt, président du conseil et chef de la direction de GE, a rappelé que nous allons continuer de vivre dans un monde de croissance lente à volatilité élevée.

Cela implique que le secteur manufacturier devra toujours se métamorphoser. «D'un climat d'arbitrage des relations de travail, nous passons à un environnement de science et d'innovation» qui offre des emplois intéressants.

C'est à chaque pays que revient la tâche de trouver ses atouts. GE, présente dans 85 d'entre eux, saura choisir où s'installer, innover ou déménager.

La deuxième journée de la Conférence sera surtout consacrée à l'énergie.