Les entreprises qui mettent en marché des contenants et des emballages sont prêtes à investir 40 millions de dollars pour éviter une consigne sur les bouteilles de vin.

Éco Entreprises Québec (EEQ) annoncera aujourd'hui son intention d'investir 40 millions sur une période de cinq ans pour moderniser les centres de tri afin de traiter tout le verre qui se trouve dans les bacs de recyclage. Cela comprend les bouteilles de vin, mais aussi les pots de confiture et les bouteilles de vinaigrette.

«C'est la situation la plus efficace et la plus simple pour les citoyens», a déclaré Maryse Vermette, présidente-directrice générale d'EEQ.

Elle a rappelé que ce sont les entreprises qui mettent en marché des contenants et des emballages qui financent le système de collecte sélective au Québec, à hauteur de 135 millions par année. Il s'agit de détaillants comme Metro et SAQ, de producteurs comme Agropur et de manufacturiers comme Cascades.

Doubler les coûts

Selon certaines informations émanant de Québec, le gouvernement Couillard voudrait mettre en place une consigne pour les bouteilles de vin. La SAQ et d'autres détaillants s'opposent à l'idée.

Mme Vermette a fait valoir que 50% des contenants de verre qui se trouvaient dans les bacs de recyclage n'étaient pas des bouteilles de vin, mais divers bocaux et bouteilles. Si on retire les bouteilles de vin en raison de l'application d'une consigne, on vient fragmenter la source de matière pour les transformateurs.

«On va doubler les coûts en ajoutant en parallèle un système qui va exiger des infrastructures», a-t-elle déploré.

Elle a fait observer qu'à l'heure actuelle, environ 90% des bouteilles de vin se retrouvaient dans les bacs de recyclage au Québec. Or, en Ontario, huit ans après l'introduction d'une consigne, seulement 84% des bouteilles de vin sont recyclées.

Mme Vermette a ajouté qu'en raison des vieilles habitudes, plus de 20% des bouteilles de vin avaient continué à se retrouver dans les bacs de recyclage en Ontario dans les années suivant l'introduction de la consigne.

«Deux systèmes continuaient à gérer la même matière», a-t-elle déploré.

Débouchés recherchés

Elle a ajouté qu'au Québec, consigne ou pas, le principal problème porte sur la transformation du verre.

«Il n'y a pas plus de débouchés pour un contenant consigné que pour un contenant mis dans un bac de recyclage», a-t-elle soutenu.

L'investissement de 40 millions d'EEQ vise à assurer la qualité du verre recyclé. Selon Mme Vermette, il faut également agir sur un deuxième axe: l'augmentation des débouchés.

«Il faut aider les recycleurs à développer les marchés, a-t-elle déclaré. Il y a déjà de beaux projets qui existent: l'utilisation de la poudre de verre par Verrox, des dalles à partir de verre récupéré, l'incorporation dans le bitume pour les infrastructures routières. Il faut être en mode solution.»

EEQ représente 3000 entreprises et organisations qui mettent en marché des contenants, des emballages et des imprimés. Elles ont un chiffre d'affaires global de 110 milliards et emploient directement près de 1 million de personnes.