À peine deux ans encore avant que Montréal célèbre son 375e anniversaire. Deux ans au cours desquels on s'affaire à parachever des infrastructures pour l'embellir, pour souligner l'événement par des legs, des signatures urbaines.

Du nombre, le Forum économique international des Amériques aimerait bien fédérer idées et énergies pour faire de la ville fondée par Maisonneuve et Jeanne Mance un des grands axes commerciaux et intellectuels de l'Atlantique, une cité intelligente, indissociablement rattachée au dynamisme du continent étendu jusqu'aux deux pôles.

C'est en poursuivant cet objectif ouvertement affirmé que le Forum a préparé la 21e édition de la Conférence de Montréal, qui se déroulera la semaine prochaine. Il planche déjà sur les deux suivantes.

Sur le thème optimiste Bâtir une économie équilibrée, la Conférence sera coprésidée cette année par MM. David M. Cote et Patrick Pouyanné, respectivement numéro un chez Honeywell et Total.

Ce choix témoigne de sa volonté de faire jouer au secteur privé un rôle grandissant dans la vie de la Conférence. Il veut refléter aussi l'avenir prometteur des échanges commerciaux entre les deux rives de l'Atlantique avec la conclusion effective ou imminente d'ententes de libre-échange entre l'Union européenne, le Canada, les États-Unis et le Mexique.

«C'est sain comme mélange», résume Nicholas Rémillard, PDG du Forum, qui a su bâtir sa réputation en orchestrant aussi des rencontres bilatérales privées au gré des conférenciers participants.

L'Afrique de l'Ouest n'est pas laissée pour compte dans cette perspective. «Le Forum devient l'antenne nord-américaine de la francophonie», insiste Gil Rémillard, président fondateur de la Conférence de Montréal et organisateur du 2e Sommet de la francophonie à Québec, en 1987. Il était alors ministre des Relations internationales dans le gouvernement de Robert Bourassa.

La secrétaire de l'Organisation internationale de la francophonie Michaëlle Jean doit dévoiler, ce midi, ce qu'elle entend par francophonie économique, thème de son allocution susceptible d'opérer un virage pour l'organisation basée à Paris.

Ce n'est pas un hasard non plus si la ministre française de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie Ségolène Royal conclura ce déjeuner-causerie.

Le Forum prend d'ailleurs de l'expansion à Paris, où il compte organiser une première grande conférence en décembre 2017. L'événement s'ajoutera aux rencontres annuelles de Montréal, Miami et Toronto.

La maire de la Ville Lumière Anne Hidalgo sera d'ailleurs dans nos murs aussi la semaine prochaine. Elle doit s'entretenir avec les organisateurs de la Conférence jeudi.

Une économie équilibrée suppose l'utilisation optimale de l'énergie, un système de retraite capable de sécuriser l'autonomie économique des citoyens plus âgés, des soins de santé dont les coûts n'explosent pas, une action conséquente face aux changements climatiques. Autant de thèmes qu'aborderont une pléiade de conférenciers venus d'aréopages politiques, institutionnels, académiques et corporatifs.

Comme toujours, la présence de grosses pointures venues d'Amérique latine mettra en lumière les avancées de cette partie du continent qui progresse à grands pas depuis le début du millénaire.

Voilà une raison de plus pour que Montréal reflète cette réalité.

Gil Rémillard avait présenté il y a quelques années un projet pour faire de la bibliothèque Saint-Sulpice la Maison des Amériques. Cette Casa das Americas, dans son projet qui n'a pas été retenu, aurait été administrée par une fondation. Elle se voulait un carrefour culturel, institutionnel et social qui aurait, au fil du temps, associé le nom de Montréal à celui du continent. La métropole québécoise étant à la fois de cultures française et anglaise et une terre d'accueil, sinon une destination prisée pour les peuples hispanophones et lusophones.

Jamais en panne d'idées qui embrassent large, M. Rémillard caresse aussi celle d'une Place des Amériques, dans le Vieux-Montréal. Ce serait une autre façon de souligner que Montréal entend devenir une ville à la fois intelligente et ouverte sur le monde et l'avenir.

À coup sûr, la Conférence de Montréal s'inscrit dans cette mouvance.