Avec la saison des fleurs qui approche à grands pas, les prochaines semaines s'annoncent cruciales pour la majorité des producteurs horticoles, qui, conséquence d'un autre hiver rigoureux, ont vu leurs coûts grimper.

Les fins de semaine de la fête des mères et de la fête des Patriotes sont importantes pour ce secteur, puisqu'elles permettent à de nombreux producteurs de générer jusqu'aux deux tiers de leur chiffre d'affaires annuel.

Toutefois, l'arrivée tardive du printemps a causé un certain retard, estime la directrice adjointe de la Fédération interdisciplinaire de l'horticulture ornementale du Québec (FIHOQ), Nathalie Deschênes.

«Nous avons un retard d'environ deux semaines, explique-t-elle, au cours d'un entretien téléphonique. S'il fait beau rapidement, on devrait avoir une bonne saison malgré tout. Ça sera différent si le soleil n'est pas au rendez-vous à la fin du mois de mai.»

Si le long congé de la fête des Patriotes donne le coup d'envoi de la saison pour les producteurs horticoles de la grande région de Montréal, celle des producteurs établis ailleurs en province débute un peu plus tard.

D'après la FIHOQ, la consommation énergétique des producteurs a grimpé en moyenne d'environ 10 % en raison du froid extrême de l'hiver. Pour certains d'entre eux, la facture est encore plus salée.

«Je vous dirais, en frais d'électricité, un 20 % de plus, indique Denis Wilson, un des administrateurs des serres Noël Wilson & fils. Généralement, notre facture oscille entre 400 000 $ et 500 000 $ (par année).»

En dépit de cette hausse, l'entreprise de Saint-Rémi, spécialisée en culture de serres, dont le chiffre d'affaires varie entre 2,5 et 5 millions de dollars, n'entend pas refiler les augmentations aux consommateurs.

Outre la vive concurrence, M. Wilson souligne que les prix avec les grands détaillants sont souvent négociés à l'avance et qu'il est difficile de faire marche arrière par la suite.

«On ne peut pas faire comme avec l'essence et dire que ça augmente du jour au lendemain, observe-t-il. Les fleurs, ça demeure un produit de luxe, ce n'est pas une nécessité.»

Après un deuxième hiver difficile consécutif, l'administrateur des serres Noël Wilson & fils est d'avis qu'il pourrait y avoir des conséquences pour certains producteurs si le beau temps n'est pas au rendez-vous.

«Si on n'a pas un bon mois de mai, il y a peut-être des entreprises qui ne passeront pas à travers, analyste-t-il. Les marges sont très serrées. On investit beaucoup l'hiver sans entrées d'argent. Si les ventes ne sont pas là, il faudra quand même payer les comptes.»

Dominic Pion, un des propriétaires des Serres Rosaire Pion et fils, à Saint-Hyacinthe, abonde dans le même sens, lui qui a vu sa facture de chauffage de «plusieurs centaines de milliers de dollars» augmenter d'entre 10 à 20 %.

S'il se montre confiant quant aux conditions météorologiques printanières, M. Pion - qui compte quelque 125 employés sous sa gouverne - reconnaît toutefois que les semaines du mois de mai ne «se reprennent pas».

«Avec les piscines et les campings (qui ouvrent leurs portes), on a cinq semaines dans la saison, dit-il. Il y a un temps pour l'horticulture. Après, c'est la saison d'été, mais ce n'est jamais comme le printemps.»

Si la directrice adjointe de la FIHOQ dit avoir l'impression que les gens ont le goût de jardiner malgré le temps froid, elle se demande toutefois si l'hiver aura un impact sur le budget des consommateurs.

«Est-ce que le budget discrétionnaire va être là, c'est une autre question, affirme Mme Deschênes. Est-ce que les gens ont voyagé davantage au cours des derniers mois parce qu'il faisait froid? Peut-être.»

Selon la Fédération, l'industrie de l'horticulture ornementale est composée de quelque 7000 entreprises et de 40 000 travailleurs. Le chiffre d'affaires annuel de son secteur commercialisation est d'environ 500 millions de dollars.