Très peu de détails circulent sur le projet de centre commercial de distribution de 1 milliard de dollars que des investisseurs chinois veulent bâtir à Longueuil. Mais un projet similaire à Cancún, au Mexique, a soulevé son lot de controverses, au point où il a été suspendu en début d'année par l'agence fédérale de protection de l'environnement (PROFEPA).

Au Mexique, on reproche à ses promoteurs de saccager l'environnement, de créer une enclave chinoise sans lien avec la collectivité environnante et de favoriser le dumping de biens chinois au détriment des manufacturiers locaux.

Des amendes de 1,5 million US

Le chantier du Dragon Mart de Cancún a été fermé temporairement par la PROFEPA en janvier dernier. Ses promoteurs font face à des amendes de 1,5 million US en raison des dommages causés à un milieu écologiquement sensible d'une superficie de 1,6 million de pieds carrés. Ils sont aussi menacés d'aller en prison, affirmait en janvier Guillermo Haro Belchez, procureur de la PROFEPA, au L.A. Times.

De plus, des soupçons de corruption pèsent sur les fonctionnaires qui ont approuvé le projet. La PROFEPA a demandé en février une enquête interne au ministère mexicain de l'Environnement et des Ressources naturelles. Le délégué régional du Ministère, qui avait approuvé le superprojet, a démissionné en avril pour des «raisons personnelles», a rapporté la publication El Exprés le 25 avril.

De leur côté, les industriels mexicains, qui ont toujours vu le centre d'un mauvais oeil, se sont réjouis de la décision de la PROFEPA. «L'annulation de Dragon Mart envoie un message clair aux investisseurs pour qu'ils agissent au Mexique dans la légalité et sans faire de concurrence déloyale», a écrit Francisco J. Funtanet Mange, président de la chambre d'industrie du Mexique, CONCAMIN, dans un communiqué paru en janvier.

Selon son organisation, le Dragon Mart allait inonder le marché mexicain de 300 000 tonnes de marchandises chinoises par année d'une valeur de 2 milliards US.

Dès son annonce en 2013, le projet avait suscité l'opposition du maire de Cancún, Julian Ricalde, qui a tout fait pour refuser de délivrer le permis de construction, avant que le gouvernement fédéral intervienne et lui donne le feu vert. Selon le premier magistrat, cité par le Wall Street Journal, les promoteurs n'avaient pas réussi à convaincre que le projet était profitable au Mexique.

Le centre de distribution de 1,6 milliard US se voulait la vitrine pour la vente de biens chinois de consommation pour les marchés de l'Amérique latine. Il devait accueillir plus de 3000 stands exposant les biens made in China dans les secteurs de l'électronique, des logiciels, des matériaux de construction, des jouets et autres. Environ 700 immigrés chinois devaient travailler et être hébergés sur le site gigantesque de 60 millions de pieds carrés, situé à 3 kilomètres de la mer des Caraïbes.

Mille Chinois pour le projet de Longueuil

De taille beaucoup plus modeste, le futur centre de commerce chinois de l'arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil, hébergerait 1000 stands d'exposition de 100 pieds carrés chacun. Un millier de travailleurs chinois sont attendus pour voir à son exploitation. Le terrain convoité dispose d'une superficie d'environ 600 000 pieds carrés boulevard Moïse-Vincent. Il appartient à la Ville de Longueuil.

Hormis la taille, les projets du Mexique et de Longueuil divergent aussi par l'identité de leurs promoteurs respectifs. Les Dragon Marts, dont le centre le plus imposant se trouve à Dubaï, sont financés en partie par l'agence de promotion des exportations chinoises Chinamax. Pour ce qui est du projet de la Rive-Sud, les promoteurs connus pour l'instant sont deux entreprises sino-canadiennes, Min Ying Holdings et MITC Management.