Hydro-Québec n'ira pas piger dans les poches de ses clients résidentiels pour financer les quelque 20 milliards de dollars qu'elle injectera dans le Plan Nord d'ici 2035, assure le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand.

Participant à une série d'annonces relativement à des investissements privés, M. Arcand a écarté un scénario similaire à celui du développement de la filière éolienne, souvent évoqué par la société d'État pour justifier des hausses de tarifs.

«Dans le cas du Plan Nord, c'est un projet dans lequel il va y avoir des clients suffisants pour que cela soit rentable pour Hydro-Québec, a-t-il affirmé jeudi à Montréal. Non, le Plan Nord n'engendrera pas de hausses de tarifs.»

Depuis le 1er avril, les clients résidentiels de la société d'État ont vu leurs tarifs grimper de 2,9 % en raison d'une décision de la Régie de l'énergie rendue il y a un mois.

En mêlée de presse, M. Arcand a également garanti que l'implication d'Hydro-Québec dans le Plan Nord n'aura pas d'impact sur son dividende versé au gouvernement du Québec, qui a atteint un montant record de 2,53 milliards en 2014.

«Dans (la version) de 2011 (du Plan Nord), on parlait d'une quarantaine de milliards de dollars investis dans le cas d'Hydro-Québec», a-t-il rappelé.

Le dossier a refait surface au lendemain de la présentation de la nouvelle mouture du Plan Nord, puisque le document d'environ 50 pages n'indique pas précisément à quoi serviront les 20 milliards qui doivent être investis par la société d'État.

Questionné par les journalistes, M. Arcand n'a pas voulu fournir plus de détails entourant les projets qu'Hydro-Québec pourrait piloter puisque les consultations auprès des communautés autochtones concernées ne sont pas terminées.

«Avant de les faire connaître publiquement, vous comprendrez que l'on veut en discuter avec nos partenaires, a-t-il dit. Les projets sont extrêmement sérieux. Il y a un potentiel très important.»

Le ministre des Ressources naturelles s'est limité à ce qu'il avait dit la veille, rappelant qu'il pouvait s'agir de projets hydroélectriques, de lignes de transport d'électricité ou de fibre optique, afin d'améliorer les communications au nord du 49e parallèle.

Sa réponse a été similaire en ce qui a trait aux tarifs hydroélectriques, comme le tarif L, qui pourraient être offerts aux entreprises afin de les inciter à investir dans le Nord québécois.

«Ça varie et c'est toujours comme cela, a dit M. Arcand. Il y a des tarifs de développement économique, d'autres qui tiennent compte du volume. Il n'y a pas une industrie qui est pareille.»

M. Arcand était flanqué du ministre de l'Économie, Jacques Daoust, ainsi que du ministre délégué aux Mines, Luc Blanchette, pour confirmer divers projets d'investissements privés totalisant 225 millions sur le territoire québécois couvert par le Plan Nord.

Ces derniers étaient accompagnés de représentants de Focus Graphite, Redevances Aurifères Osisko (TSX:OR), mine Raglan et le COREM - spécialisé dans la recherche et le développement en traitement de minerai.

Estimé à 166 millions, le projet de Focus Graphite débutera par une étude de faisabilité pour la construction d'une usine de transformation pour la production de produits de graphite à valeur ajoutée à Sept-Îles, sur la Côte-Nord.

Le graphite est notamment utilisé dans la fabrication d'anodes pour les batteries lithium-ion rechargeables utilisées dans les voitures électriques et hybrides.

Ces annonces ne devraient toutefois pas se traduire par la création significative d'emplois à court terme, a-t-il été précisé.

Même si le Plan Nord doit engendrer des investissements de 50 milliards, MM. Arcand, Daoust et Blanchette se sont défendus de ne pas avoir rapidement procédé à des annonces significatives.

«On parle de 225 millions, je pense que c'est un très bon début, a dit le ministre des Ressources naturelles. C'est sur 20 ans (le Plan Nord), laissez-nous commencer. Pendant 18 mois, il n'y a rien eu dans le Nord.»