À la recherche de nouveaux actionnaires, le Cirque du Soleil ne manque pas de prétendants: une quinzaine de consortiums ont participé à la première ronde d'offres au cours des dernières semaines, l'un d'eux incluant l'homme d'affaires montréalais Mitch Garber, a appris La Presse Affaires. Une demi-douzaine de groupes ont passé avec succès la première étape du processus d'offres géré par Goldman Sachs, selon nos informations.

Pour déposer son offre, M. Garber, un Montréalais âgé de 50 ans qui est PDG des sociétés de jeux de hasard Caesars Acquisition (hôtels et casinos) et Caesars Interactive Entertainment (jeux de hasard en ligne) - dont les sièges sociaux sont situés à Montréal - , s'est allié avec la firme d'investissement américaine Apollo Global Management, qui aurait réalisé la plus grande partie de l'investissement requis. Apollo Global Management gère des actifs de 161 milliards et est co-dirigée par Joshua Harris, l'un des copropriétaires de l'équipe de basketball des 76ers de Philadelphie. Apollo Management est aussi l'un des actionnaires des sociétés dirigées par M. Garber.

Selon nos informations, le consortium formé de M. Garber et d'Apollo Global Management n'a toutefois pas été retenu parmi la demi-douzaine de groupes qui participent actuellement à la deuxième ronde du processus. M. Garber comme Apollo aurait toutefois la possibilité de réintégrer le processus avec un autre consortium déjà admis à la deuxième étape, notamment celui de la firme d'investissement privé TPG Capital (anciennement Texas Pacific Group) qui est aussi l'un des actionnaires des sociétés dirigées par Mitch Garber. Ce dernier n'a pas rappelé La Presse Affaires hier.

Le Cirque du Soleil examine autant la vente d'un bloc majoritaire d'actions que la vente d'un bloc minoritaire, selon nos sources. Au cours d'une entrevue au Wall Street Journal en décembre dernier, le cofondateur et actionnaire majoritaire du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, avait indiqué son intention de vendre «entre 20 et 30% des actions de l'entreprise à un partenaire stratégique qui aiderait la croissance mondiale de l'entreprise». M. Laliberté détient 90% des actions du Cirque du Soleil, le reste appartenant à deux fonds immobiliers de Dubaï.

Le Cirque du Soleil n'a pas commenté hier les informations de La Presse Affaires. «Le processus est très long. Nous évaluons actuellement toutes nos options. Il est prématuré de penser que nous avons pris une décision», dit la porte-parole, Renée-Claude Ménard.

Vendredi dernier, l'agence Bloomberg dévoilait le nom de deux firmes intéressées à devenir actionnaires du Cirque du Soleil: le Carlyle Group et TPG Capital. Le Carlyle Group, l'une des plus importantes firmes d'investissement du monde, est inscrit à la Bourse de New York et a réalisé un coup d'argent important (200% en un an) comme actionnaire de 50% des actions de Beats Electronics l'an dernier. TPG Capital est une firme d'investissement privé gérant des actifs de 65 milliards qui a notamment investi dans le service de transport Uber et les chaînes d'hôtels Fairmont.

Le siège social restera-t-il à Montréal?

Dans le scénario où une transaction ferait passer le Cirque de Soleil sous contrôle d'actionnaires étrangers, le gouvernement Couillard a bon espoir que le siège social resterait à Montréal et continuerait de jouer le même rôle au sein de l'entreprise.

«J'aime toujours mieux qu'on garde nos affaires chez nous, mais le plus important, c'est où est situé le siège social, dit le ministre de l'Économie, Jacques Daoust. Je suis toujours préoccupé quand est un siège social est à risque. Sauf qu'un acheteur du Cirque acquiert des revenus mais aussi la créativité et l'expertise des employés et des dirigeants au siège social.»

Pour le ministre Daoust, le maintien du siège social à Montréal est l'aspect le plus important dans ce dossier. «Un siège social fait travailler un paquet de monde: des comptables, des avocats, dit-il. Beaucoup d'entreprises québécoises inscrites en Bourse n'ont pas un actionnariat majoritairement québécois, mais leurs décisions se prennent ici [en raison du siège social]. Si vous prenez la Banque Nationale par exemple, il est un peu illusoire de penser que l'actionnariat est majoritairement québécois, mais le siège social est au Québec et les décisions se prennent ici.»

Selon le ministre Daoust, Investissement Québec «ne peut pas être un joueur» dans le dossier du Cirque du Soleil parce que le montant demandé pour réaliser une telle transaction est de loin supérieur à ses paramètres d'investissement. Selon Bloomberg, le Cirque du Soleil estime sa valeur financière à 2 milliards US.