Une semaine à peine après avoir renoncé à retirer son soutien au magazine scientifique Les Débrouillards, le gouvernement Couillard voit la société d'État Hydro-Québec mettre un terme à sa commandite annuelle de 100 000 $ au Centre des sciences de Montréal, important lieu de vulgarisation scientifique pour les familles.

« Ce sont 100 000 $ d'impact sur les activités que finançait la Fondation du Centre des sciences comme des programmes éducatifs et la création de produits maison comme des expositions », déplore Maxime Charbonneau, responsable des relations publiques du Centre des sciences.

De 2009 à 2013, la Fondation du Centre des sciences a touché une commandite annuelle de 175 000 $ d'Hydro-Québec. Le montant avait diminué à 100 000 $ en 2014.

Le gouvernement de Philippe Couillard avait envisagé d'éliminer les subventions à la culture scientifique, la semaine dernière, avant de faire volte-face durant le week-end. Cette volte-face a permis de ne pas couper les vivres aux Publications BLD, éditeur du magazine Les Débrouillards, de même qu'à l'Agence Science-Presse.

Pour ce qui est de la diminution des commandites d'Hydro-Québec, la décision survient quelques semaines après que le Conseil du trésor a ordonné à ses sociétés d'État de restreindre « au financement essentiel et jugé incontournable » leurs dépenses à ce chapitre.

Des musées montréalais touchés

Des musées montréalais figurent parmi les premières victimes de ce mot d'ordre.

Selon des informations en provenance de la Société des directeurs des musées montréalais (SDMM), au moins trois institutions muséales ont reçu une fin de non-recevoir à leur demande de commandites par Hydro-Québec pour l'année 2015.

La Société des directeurs des musées montréalais regroupe 38 institutions de la métropole. Sa mission est de favoriser le rayonnement des musées montréalais et de défendre leurs intérêts.

« C'est majeur [comme compressions] et ça vient s'ajouter au problème de financement des musées, qui demeure très précaire », dit, dans un entretien, Manon Lapointe, directrice générale de la SDMM.

En réaction au budget Leitao de juin, un autre organisme, la Société des musées du Québec, avait en effet demandé au ministère de la Culture de s'attaquer sans délai aux problèmes financiers des musées.

Les élèves de milieux défavorisés

Outre le Centre des sciences, au moins deux autres musées devront se passer des sous d'Hydro-Québec l'an prochain.

Le Centre canadien d'architecture (CCA), institution créée par Phyllis Lambert au centre-ville de Montréal, ne recevra pas en 2015 les 60 000 $ que lui donnait chaque année Hydro-Québec depuis au moins 2009. Il a été impossible vendredi de parler à quelqu'un du CCA pour connaître l'impact de cette décision sur les activités du centre.

Le Musée McCord, pour sa part, sera privé de 30 000 $. L'argent aurait servi à financer un programme éducatif permettant aux enfants de milieux défavorisés de visiter le musée lors de journées pédagogiques, explique sa directrice Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction de l'institution muséale.

« Souvent, les parents travaillent et ne savent pas quoi faire avec eux. L'école les amenait au musée pour une journée », dit-elle. Le musée avait reçu 25 000 $ en 2012 et en 2013 à cette fin.

Invité à commenter les compressions, un porte-parole de la société d'État a répondu que « l'entreprise est en lien avec les trois organisations [citées] et plusieurs autres également. Les décisions qui pourraient être prises seront bien entendu communiquées à nos partenaires en tout premier lieu », a fait savoir Patrice Lavoie, conseiller principal, médias, chez Hydro-Québec.