Le gouvernement Couillard ira chercher 112 millions de dollars de plus chez les syndiqués et les membres des ordres professionnels en réduisant de moitié, de 20 à 10%, le crédit d'impôt non remboursable sur leurs cotisations.

Hier, les fonctionnaires du ministère des Finances expliquaient que les syndiqués allaient voir en moyenne leur impôt augmenter de 70$ par année.

Cette mesure touchera 1 million de contribuables, soit une personne sur cinq qui paie des impôts.

Les centrales syndicales ont condamné cette mesure. «C'est à se demander s'ils le font exprès, au lendemain des grandes manifestations à Montréal et à Québec, où les syndicats ont fait la démonstration qu'ils avaient encore un rapport de force et une capacité de mobilisation», a déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

M. Létourneau a déclaré qu'il s'agissait d'une attaque contre le syndicalisme, mais aussi contre les travailleurs de la classe moyenne qui sont syndiqués. Ce sont eux qui perdront le fameux crédit d'impôt.

«Ça ne touche pas directement les organisations syndicales, mais ça le fait de façon indirecte: il y a peut-être des gens qui vont faire le choix de ne pas se syndiquer», a déploré pour sa part le président de la FTQ, Daniel Boyer.

Il a soutenu que ce genre de mesures revenait à mettre la hache dans les lieux de concertation, dont font partie les syndicats. «Le Québec qu'on a construit au cours des dernières décennies s'effrite tranquillement, a laissé tomber M. Boyer. Je trouve ça déplorable.»

Selon les spécialistes du ministère des Finances, avec cette réduction, le Québec reste quand même l'une des provinces où le fisc est le plus généreux pour cette dépense. Sur une base comparable - ailleurs au pays, ces dépenses sont visées par une déduction plutôt que par un crédit d'impôt non remboursable -, le Québec reste aligné sur plusieurs provinces. À 10%, les syndiqués québécois ont pratiquement le même traitement, dans les faits, que ceux qui se trouvent en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan. Au Nouveau-Brunswick, la déduction est juste un peu moindre, à 9,7%.

Les syndiqués et les professionnels de l'Ontario et de la Colombie-Britannique reçoivent l'équivalent d'un crédit d'impôt de 5% seulement.

Les membres des ordres professionnels sont aussi touchés par cette réduction du crédit d'impôt. Un avocat de Montréal, par exemple, paye 2500$ par année pour être membre du Barreau. À 20%, son crédit d'impôt lui permettait de récupérer 500$. Comme le mini-budget d'hier ramène à 10% ce crédit d'impôt, cet avocat devra payer 250$ de plus par année au fisc.