À l'aube des travaux de la Commission d'examen sur la fiscalité initiée par Québec, les acteurs économiques du Grand Montréal «parlent d'une seule voix» et réclament que le gouvernement épargne les crédits d'impôt destinés à certains secteurs-clés de la métropole, dont les hautes technologies et les jeux vidéo. Résumé en quatre points de ce front commun montréalais.

Une approche sectorielle

Les crédits d'impôt sectoriels ciblés ont contribué à placer Montréal dans la payante économie du savoir, ont affirmé hier en point de presse le maire Denis Coderre et la présidente-directrice générale de Montréal international, Dominique Anglade. Accompagnés de l'ancien ministre des Finances Raymond Bachand et du président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, ils ont affirmé que les secteurs des services financiers ainsi que du cinéma et de la télévision ont connu une forte croissance, suggérant qu'il faut poursuivre leur financement à travers diverses mesures fiscales. «Le statu quo n'est pas une option, mais nous sommes aussi d'avis qu'une approche mur à mur ne l'est pas non plus», a vigoureusement soutenu le maire Coderre.

Une priorité: «compétitivité»

Montréal ne vit pas en vase clos, et la concurrence vient de tous les côtés, a rappelé Mme Anglade dans son allocution. «La compétition est extrêmement féroce. Il y a 80 milliards d'incitatifs [fiscaux] aux États-Unis. C'est un chiffre qui a doublé ces 10 dernières années! Et 80 milliards, c'est uniquement aux États-Unis, comparativement à 1,9 milliard [d'incitatifs] que nous avons au Québec. Il faut réfléchir sur ce que font nos voisins au sud et les autres provinces canadiennes», a-t-elle affirmé. Les crédits d'impôt accordés par Québec doivent cibler des «leviers économiques et des secteurs» comme l'aérospatiale, a pour sa part ajouté le maire Coderre.

Un régime fiscal stable et prévisible

Selon le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc, il ne fait aucun doute que les entreprises établies au Québec paient trop d'impôts et qu'elles n'ont pas accès à un régime fiscal avantageux par rapport à d'autres régions du monde. «Il faut tenir compte de la concurrence internationale. Même pour les joueurs québécois, on se demande toujours si les prochains investissements se feront dans la région de Montréal ou dans d'autres métropoles. Il faut générer ici des sièges sociaux d'envergure internationale à partir d'entreprises de taille moyenne», a-t-il déclaré hier. À cet égard, la coalition d'acteurs économiques du Grand Montréal demande que l'on consulte les entreprises pour qu'elles expriment les besoins de leurs industries.

La décontamination des zones industrielles: l'État ne peut agir seul

Finalement, la coalition d'acteurs économiques du Grand Montréal considère que la Commission d'examen sur la fiscalité, présidée par le fiscaliste Luc Godbout, doit s'attaquer au problème du financement de la décontamination des zones industrielles. «Les subventions directes à la décontamination ont leurs limites, et la superficie des espaces à décontaminer est importante. Cela représente des montants trop élevés pour être assumés uniquement par l'État. À Montréal seulement, les besoins en réhabilitation sont estimés à 800 millions», a indiqué le maire Denis Coderre. Il suggère la mise en place d'un crédit d'impôt pour la décontamination des terrains industriels et pour assurer un «redéveloppement de ces zones à fort potentiel».