L'ajout de 6500 emplois à temps partiel au Québec, le mois dernier, ne doit pas faire illusion. Il n'y a guère d'amélioration palpable du marché du travail comme on en observe presque partout ailleurs au pays.

Les données de septembre de l'Enquête sur la population active (EPA) menée par Statistique Canada indiquent que, au net, le Québec a quand même perdu encore 2800 postes à temps plein, portant la saignée à 25 700 depuis janvier et à 30 900 depuis un an.

Le taux de chômage a néanmoins reculé d'un dixième le mois dernier à 7,6%, soit le même qu'il y a un an.

Fait significatif, les 6500 emplois de plus compilés par l'EPA sont à l'intérieur de l'écart-type de l'échantillon, deux fois plus grand. Autrement dit, ce chiffre doit être pris avec un grain de sel.

Il en va autrement des pertes observées depuis le début de l'année. Elles sont concentrées à Montréal, dans la fabrication, le transport et les services financiers.

Mince consolation, le marché du travail paraît avoir cessé de se détériorer durant l'été.

Le mois dernier, l'EPA rapporte des additions d'emplois surtout dans la construction (14 000), reflétant le bond-surprise des mises en chantier, dans les services financiers, la santé et les administrations publiques. Fait troublant, ce serait dans ce dernier segment que l'embauche aurait été la plus soutenue cette année, avec 32 800 postes en plus, dont 7000 encore en septembre.

C'est dire à quel point les entreprises sont peu enclines à gonfler leurs effectifs. Si cette situation perdure, cela n'augure rien de bon pour le marché du travail, puisque Québec vient de déposer un projet de loi pour geler l'effectif de sa fonction publique d'ici avril 2016.

À l'échelle canadienne, le tableau est plus lumineux. L'EPA fait état d'un gain de 74 100 emplois, à temps plein pour la plupart. Cela a entraîné une baisse de deux dixièmes du taux de chômage à 6,8%, le plus faible depuis la récession. Selon la méthodologie américaine, le taux de chômage baisse à 5,9%, le même qu'aux États-Unis même si le taux de participation de notre population au marché du travail est plus élevé.

En Ontario, le taux de chômage est rendu à 7,1%, son niveau d'octobre 2008, grâce à l'apport de 24 700 embauches supplémentaires. En Saskatchewan, il est descendu à 3,5% et même à 2,8% à Regina, sa capitale! La terre aux cieux infinis, comme elle aime à se décrire, est d'ailleurs celle qui connaît la croissance la plus vive de l'emploi cette année, ayant doublé l'Alberta.

Depuis le début de l'année, l'économie canadienne a ajouté 157 600 emplois, en dépit des pertes québécoises. C'est à l'ouest du Québec qu'on les retrouve, avec une forte concentration en Ontario et en Alberta.

Les deux tiers de ces nouveaux emplois sont à temps plein et 67 000 sont des emplois salariés du secteur privé.

En septembre, les nouveaux postes étaient concentrés dans le secteur des biens, les ressources naturelles et la construction.

Dans le segment des services, les embauches étaient surtout dans les segments des services professionnels, l'hébergement et la santé. Les segments de l'enseignement et du commerce ont été ceux qui ont le plus réduit leurs effectifs.

Les données de l'EPA sont très volatiles depuis le début de l'année. En fait, il n'y a pas eu deux mois d'affilée d'embauches ou de licenciements nets. Cependant, les données font quand même état d'une croissance générale de l'emploi qui s'est même un peu accélérée durant l'été.

Si les résultats en dents de scie devaient se poursuivre, on doit s'attendre à ce que l'EPA fasse part d'un recul du nombre d'emplois pour le mois en cours, d'un océan à l'autre.

Les données trimestrielles de l'Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada sont heureusement plus encourageantes. Les intentions d'embauche sont nettement meilleures qu'au cours du trimestre précédent. La majorité des répondants projetaient d'accroître leurs effectifs au cours des prochains mois alors que 10% seulement voulaient les diminuer.