Le Fonds de solidarité FTQ a récolté 787 millions de dollars auprès des investisseurs en 2013-2014, la troisième année la plus élevée de son histoire.

Un score étonnant, étant donné que l'exercice a été marqué à la fois par des révélations embarrassantes sur sa gouvernance et par la confirmation de l'abolition du crédit d'impôt de 15% par le fédéral. Seule ombre au tableau, le nombre d'actionnaires essuie un très léger recul, une malheureuse première depuis au moins 2009.

Au chapitre des résultats financiers de l'exercice clos le 31 mai 2014, le bénéfice annuel bat un record à 774 millions, et l'actif net atteint un sommet à 10,1 milliards.

«Je suis très fier d'un bénéfice net de trois quarts de milliard de dollars, ça frappe un peu. Tous nos secteurs sont positifs», a dit Gaétan Morin, nouveau président et chef de la direction du fonds de travailleurs, dans un entretien.

On revient de loin

Les 613 958 actionnaires - ils étaient 615 664 un an plus tôt - voient le prix de l'action monter de 1,08$, passant de 29,21$ (le prix en vigueur depuis janvier 2014) à 30,29$, à partir d'aujourd'hui. Le rendement annuel a atteint 8,3%.

Le fonds fiscalisé revient de loin. La dernière année financière a été marquée par le passage de dirigeants et d'administrateurs actuels et passés devant la commission Charbonneau. Des photos montrant le président du conseil d'administration de la filiale immobilière du Fonds d'alors, Jean Lavallée, les pieds dans l'eau, se faire crémer par le magnat déchu de la construction Tony Accurso ont frappé l'imaginaire collectif.

Le Fonds a mis fin au contrat de son PDG, Yvon Bolduc, en février dernier et a proposé une réforme substantielle de sa gouvernance.

Un malheur ne venant jamais seul, le Fonds s'est officiellement fait couper son crédit d'impôt de 15% au fédéral. Le retrait progressif entrera en vigueur à partir de 2015.

Résilience

Face à l'adversité, le Fonds a fait preuve de résilience. «C'est d'abord et avant tout un grand signe de confiance de la part de nos actionnaires, croit Gaétan Morin, qui rappelle que 1 Québécois sur 7 est actionnaire du Fonds. Je tiens à souligner le travail de nos employés, qui ne nous ont jamais lâchés même si la situation n'a pas toujours été facile pour eux.»

Dans le détail, les rendements obtenus dans les quatre grandes catégories d'actif sont les suivants: investissements privés dans les PME québécoises, 7,2%; PME québécoises inscrites en Bourse, 21,7%; obligations, 3,2%; et actions canadiennes et mondiales, 19,4%.

«Outre le rendement, M. Morin a souligné le volume des investissements du Fonds dans les PME québécoises dans une année où les entreprises ont freiné leurs dépenses en capital.

Les exportateurs remplissent leur carnet de commandes

Ainsi, les investissements s'élèvent à 548 millions en 2013-2014, en forte hausse au second semestre après un premier semestre plutôt passif. Le Fonds avait investi seulement 69 millions d'investissements au cours des six premiers mois de son exercice financier.

«Dans le second semestre, on a vu nos entreprises exportatrices remplir leur carnet de commandes. C'est dû évidemment au marché américain qui, enfin, s'est sorti de la crise financière de 2009. On a alors senti un peu d'optimisme chez les entrepreneurs québécois dans un contexte aussi où le dollar canadien s'est déprécié.»

Le fonds a investi dans 66 nouvelles entreprises. «Ça traduit bien la pertinence du Fonds. Ça traduit bien qu'il y a encore des entrepreneurs qui font affaire avec le Fonds année après année», dit M. Morin.

Exercice financier 2013-2014 du Fonds FTQ

> Profit: 774 millions

> Actif net: 10,1 milliards

> Rendement annuel: 8,3%

> Prix de l'action: 30,29$ (+ 1,08$)