Après les révélations devant la commission Charbonneau qui ont poussé son ex-PDG vers la sortie, le Fonds de solidarité FTQ s'est tourné vers ses rangs pour choisir son nouveau dirigeant. Le conseil d'administration du Fonds a annoncé jeudi qu'il avait nommé Gaétan Morin, qui exerçait depuis 2012 les fonctions de premier vice-président, mais qui cumule une longue feuille de route au sein du Fonds depuis 1989.

«Interne ou externe. On s'est posé la question, a expliqué Daniel Boyer, coprésident du comité de sélection et président de la FTQ. Il y a des avantages aux deux. Au départ, nous avions une liste de 17 candidats, quelques-uns de l'interne, mais beaucoup de l'externe. On a passé six personnes en entrevue, dont la majorité provenait de l'externe, et on a retenu les services de Gaétan. Il a une feuille de route impressionnante, donc il était un incontournable.»

«Le Fonds a appris»

En février dernier, le Fonds a annoncé que son PDG Yvon Bolduc allait quitter son poste. Son départ a eu lieu après la diffusion d'écoutes électroniques embarrassantes devant la commission Charbonneau.

C'est à ce moment que le Fonds a aussi annoncé que le président de la FTQ ne porterait désormais plus les «deux chapeaux» de chef de la centrale syndicale et président du conseil d'administration du Fonds de solidarité. La possibilité d'un conflit d'intérêts émanant de cette double fonction a maintes fois été invoquée devant la commission Charbonneau.

Robert Parizeau, l'homme d'affaires et frère de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, a donc pris la tête du conseil d'administration et a coprésidé avec Daniel Boyer le comité de sélection du nouveau PDG. Il restera en poste jusqu'en septembre 2015.

«Le Fonds a modernisé sa gouvernance, et on n'arrêtera pas de le faire. Avec la nomination de M. Parizeau, la mise en place de comités de gouvernance et d'éthique, le Fonds a changé, le Fonds a appris», a déclaré Gaétan Morin lorsque questionné sur les leçons tirées des travaux de la commission Charbonneau.

Fait à souligner, il est ressorti des audiences de la Commission que c'est Gaétan Morin qui a bloqué le controversé dossier Carboneutre, malgré l'insistance de l'ancien directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis.

Gaétan Morin estime que la population doit maintenant juger le Fonds sur «ses résultats».

«Oui, nous avons passé au travers d'une tempête, il faut se dire les vraies choses. Nos employés ont trouvé ça difficile dans les 10 derniers mois. Par contre, il faut regarder les résultats et pour les 12 derniers mois [au 30 novembre dernier], notre rendement a été de 7,4% et nous avons complété notre campagne de souscription avec un montant de 787 millions en actions du Fonds.»

Priorités

Gaétan Morin a annoncé que sa priorité sera de s'assurer que le nouveau gouvernement provincial libéral «reconnaisse la pertinence du Fonds».

Des représentations seront aussi menées auprès du gouvernement fédéral qui a décidé de se retirer progressivement d'ici 2017, faisant reculer le crédit d'impôt de 30 à 15%.

«Le Fonds n'a pas la réputation de jeter la serviette rapidement, donc nous allons retourner au cours des prochaines semaines au gouvernement fédéral, dans le contexte où il y a un nouveau ministre des Finances qui est en place et dans le contexte où on s'en va en élections», a déclaré Gaétan Morin.

La ligne éthique

Le Fonds de solidarité FTQ a vanté jeudi le fait d'avoir mis en place une ligne éthique externe et anonyme pour permettre à ses employés de dénoncer les situations qu'ils jugent inacceptables. Or, depuis sa mise en place, la ligne n'a pas reçu un seul appel, a indiqué jeudi Robert Parizeau, président du conseil d'administration du Fonds FTQ, sans fournir plus de détails. La ligne est gérée par la firme KPMG. Si un signalement était effectué, l'information serait transférée à un comité d'éthique.