Une autre étude - cette fois-ci de l'Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) - fait état d'un écart salarial se creusant entre les employés du secteur privé et les travailleurs de la fonction publique.

Le retard du salaire horaire des employés de l'État est ainsi estimé à 7,3 % pour l'année 2012, selon cette étude intitulée «Évolution de la rémunération au Québec entre 1981 et 2012» et dévoilée mardi.

Les coauteurs de l'étude, Oscar Calderon et Jules Bélanger, précisent que c'est surtout depuis le début des années 2000 que l'écart de rémunération a commencé à se creuser davantage.

«Le pourcentage de diplômés universitaires a grimpé plus rapidement dans les autres secteurs (du privé), ce qui explique en partie l'effet, a dit en entrevue M. Calderon. C'est aussi des travailleurs qui ont plus d'expérience et qui exercent des professions mieux rémunérées.»

L'économiste a indiqué que l'étude de l'IREC - qui se présente comme un groupe de réflexion «progressiste» - ne tient pas compte de la sécurité d'emploi, généralement plus acquise dans le secteur public.

«Ça aurait pris une autre étude pour évaluer ce facteur-là comme tel», a simplement indiqué M. Calderon.

Ce constat de l'IREC en ce qui a trait à la rémunération des fonctionnaires est le deuxième du genre en environ six mois.

En novembre dernier, l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) avançait que la rémunération globale hebdomadaire des employés de la fonction publique - qui comptabilise le salaire, les avantages sociaux ainsi que les heures de présence au travail - était inférieure de 8,3 % par rapport à ceux du secteur privé.

En considérant uniquement le salaire, l'ISQ estimait à 11,7 % le retard des fonctionnaires comparativement aux autres salariés québécois.

En dépit des différences en ce qui a trait aux conclusions finales de l'IREC et de l'ISQ - principalement en raison d'une méthodologie différente - M. Calderon a reconnu que les chiffres «se rejoignent».

Cette nouvelle étude risque donc de donner d'autres arguments aux syndicats représentant quelque 400 000 fonctionnaires, qui ont déjà indiqué qu'ils allaient unir leurs forces devant Québec, qui laisse entendre que sa capacité de payer est limitée.

Le document de MM. Calderon et Bélanger fait également état de progrès réalisés par les femmes sur le marché du travail entre 1981 et 2012.

Le pourcentage de femmes détenant un diplôme universitaire a ainsi connu une progression de 22,8 % au cours de cette période pour se chiffrer à 32,2 % en 2012. Chez les hommes, cette progression a été de 10,7 %.

De plus, l'écart salarial entre les hommes et les femmes travaillant à temps plein s'est rétréci, d'après l'étude, qui ajoute qu'en 2012, les femmes gagnaient un salaire horaire moyen correspondant à 92 % de celui des hommes.

«Le rattrapage des femmes en ce qui a trait à l'équité salariale s'est surtout effectué entre 1997 et 2012», a noté M. Calderon.

L'IREC souligne que les femmes ont augmenté plus rapidement que les hommes leur présence dans des professions «bien rémunérées», leur niveau d'éducation, leur expérience sur le marché du travail ainsi que leur ancienneté.

L'étude note également un recul du taux de syndicalisation moyen, qui est passé de 44,7 % à 39,2 %. La proportion de diplômés universitaires a grimpé de 11,3 à 27,1 %, alors que celle des travailleurs âgés entre 45 et 64 ans est passée de 26,2 à 40,3 %.

Les emplois dans le secteur manufacturier ont diminué fortement au profit de secteurs comme la santé, l'éducation, la finance ainsi que les services administratifs.

Entre 1981 et 2005, les salaires horaires moyens au Québec ont progressé de 2,2 % alors qu'ils ont augmenté de 7,5 % dans le reste des provinces canadiennes.

«Les différences de croissance des salaires horaires entre le Québec et les provinces canadiennes pourraient être expliquées par l'offre excédentaire qui prévalait au Québec jusqu'à la fin des années 2000», souligne le document de l'IREC.