Jocelyn Drouin et Jean-François Gauthier, deux des ingénieurs montrés du doigt par la dénonciatrice Karen Duhamel devant la commission Charbonneau, sont toujours en poste chez WSP Global (ex-Genivar), a indiqué hier le grand patron de la firme de génie-conseil, Pierre Shoiry.

La semaine dernière, Mme Duhamel a raconté avoir été rétrogradée après avoir rapporté à ses supérieurs des situations apparentes de corruption et de falsification de factures sur un chantier de l'autoroute 40, en 2003.

L'ingénieure a notamment dit avoir été témoin d'un épisode où Patrice Cormier, représentant de la firme qui réalisait les travaux, Grands Travaux Soter, s'est présenté au bureau d'un ingénieur de Genivar, Noubar Semerjian, avec un «motton d'argent dans les mains».

Quand Karen Duhamel a relaté ce qu'elle avait vu à MM. Drouin et Gauthier, qu'elle a présenté comme ses patrons, ceux-ci lui auraient répondu qu'elle avait une «mauvaise attitude». Elle a ensuite été rétrogradée. Excédée, elle a fini par quitter Genivar, mais aurait eu du mal à trouver un poste à la hauteur de ses attentes en raison de références négatives de la part de M. Gauthier.

«Ce ne sont pas des dirigeants, ce sont des employés de l'entreprise et ils sont toujours en poste», a déclaré hier M. Shoiry en parlant de MM. Drouin et Gauthier. M. Semerjian a quitté la firme il y a quelques années. Quant à Mme Duhamel, elle travaille aujourd'hui à la Ville de Montréal.

Le PDG a assuré que WSP a tenté d'en savoir plus sur ce qui s'est passé en 2003. «On fait nos vérifications à l'interne, mais on ne peut pas changer le passé, a-t-il affirmé. C'est arrivé il y a 10 ans, et on essaie de mettre en place les mécanismes pour faire en sorte que des choses comme ça ne se reproduisent plus. On est certains aujourd'hui que ça ne pourrait pas se reproduire.»

Pour l'instant, MM. Drouin et Gauthier n'ont pas été sanctionnés, une situation avec laquelle Pierre Shoiry s'est dit à l'aise. «En fonction de l'information que nous avons actuellement, oui», a-t-il dit.

À l'occasion de l'assemblée annuelle de WSP, tenue hier à Montréal, le président du conseil d'administration, le Britannique Christopher Cole, a précisé que l'entreprise avait adopté un nouveau code de conduite ainsi que des documents explicatifs sur la corruption, les cadeaux et la collaboration avec des tiers. D'ici la fin de 2015, tous les salariés et administrateurs de WSP devront avoir suivi une formation sur l'éthique en ligne.

Stabilisation en vue

Conséquence du ralentissement dans l'industrie minière et des chambardements dans le secteur des contrats publics au Québec, les revenus de WSP sont en baisse au Canada depuis plusieurs mois. Ils ont encore reculé de 13% au premier trimestre de 2014. La firme a réagi en licenciant environ 500 personnes dans la deuxième moitié de l'année dernière, principalement au Québec et en Ontario. C'est 10% de son personnel au pays.

M. Shoiry a toutefois estimé hier que la situation était en train de se «stabiliser». Il a en outre souligné que le Canada ne comptait plus que pour le quart du chiffre d'affaires de WSP et le Québec, moins de 10%.

Même si elle a effectué deux acquisitions importantes au cours des deux dernières années, l'entreprise reste à l'affût de nouvelles transactions qui pourraient l'aider à atteindre son objectif d'enregistrer des revenus annuels de 2,3 milliards de dollars d'ici la fin de 2015. «En ce moment, WSP attire beaucoup d'attention de la part de firmes qui souhaitent se joindre à notre réseau mondial unique», a soutenu Pierre Shoiry.

WSP en bref

• Revenus en 2013: 2 milliards

• Profits nets en 2013: 71,7 millions

• Employés: 17 000

• Nombre de bureaux: 300