En avril, une personne âgée de la Résidence Philippe-Alexandre, à Saint-Jérôme, est en émoi. Elle vient de prendre connaissance d'un avis aux résidants qui a été affiché dans les espaces communs. Il y est évoqué, semble-t-il, la possibilité que la résidence laisse tomber son statut de résidence pour personnes âgées autonomes pour devenir un simple complexe locatif.

L'avis indique que cette décision entraînera des répercussions pour les locataires au chapitre du crédit d'impôt pour maintien à domicile des aînés. La nouvelle commence à s'ébruiter à Saint-Jérôme, l'avis disparaît dans les jours suivants, selon la version de la résidante, qui ne veut pas être identifiée.

Jointe par La Presse Affaires, la direction de la résidence concernée soutient n'avoir jamais, au grand jamais, eu la volonté de transformer la résidence spécialisée en un simple immeuble locatif.

«On n'a jamais songé à cesser d'être une résidence pour personnes âgées autonomes», assure la copropriétaire Claudette Forest.

Si ce n'est pas le cas à la résidence Philippe-Alexandre, le scénario s'est produit ailleurs au Québec. «J'ai des résidences qui ont enlevé des services et qui sont devenues des blocs appartements», dit Yves Desjardins, PDG du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA).

«Si on n'offre pas au moins deux services, on ne peut pas s'appeler une résidence pour aînés avec la loi 16. À l'inverse, on peut retirer des services et ne plus être considéré comme une résidence et ne plus être soumis à la certification [des résidences]», explique-t-il.

La population âgée qui y réside subit alors de façon tangible le changement de vocation de l'immeuble.

«Le crédit d'impôt pour maintien à domicile n'est pas le même si on vit en appartement ou si on vit en résidence pour aînés, explique M. Desjardins. La résidence donne droit à un crédit d'impôt de 31% du coût des services de repas, entretien ménager ou buanderie inclus dans le loyer, tandis que l'appartement locatif donne droit à un crédit d'impôt de 5% seulement.»

Le crédit maximal pour amoindrir le loyer en appartement s'élève à 30$ par mois. En résidence privée, il peut grimper jusqu'à 500$ et plus par mois, en fonction du coût des services compris dans le loyer.

Le loyer net augmente donc pour la personne âgée avec l'abandon du statut de résidence.

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LES RÉSIDENCES PRIVÉES POUR PERSONNES ÂGÉES

[2012 | 2013 | Variation]

Résidences : 2043 | 1947 | - 4,7%

Unités locatives : 113 624 | 107 912 | - 5,0%

Source: MSSS, avril 2014